Un hymne au courage, à l’émancipation et à la dignité

Quel livre magnifique nous offre Bernard Caprasse avec « Le Cahier orange ». Écrit avec une plume sobre, forte et belle, articulé selon un principe original, son récit nous entraîne dans une histoire, ou plus exactement dans deux histoires captivantes, émouvantes et profondément humaines.

Le roman se base sur une excellente idée : un avocat célèbre découvre dans le coffre fort de ses parents récemment décédés, un mystérieux cahier orange. La lecture qu’il en fait va le transporter dans l’Ardenne de la Seconde Guerre mondiale, parmi la Résistance, avec ses tensions, ses dangers, ses actes héroïques et ses lâchetés en corollaire… Il y découvre surtout sa mère, frondeuse et pleine de courage, en proie aux passions humaines et sous un jour qu’il ignorait totalement. Ce face à face inattendu va bouleverser sa vie de fond en comble et le pousser à mener une enquête. Mais à quel prix ?

La Résistance en Ardenne est déjà en soi un thème rare et passionnant. Y intégrer la quête d’émancipation d’une jeune femme, face à l’ennemi, face à l’autorité inflexible d’un père et face au regard de toute une communauté pétrie de préjugés, voilà qui rajoute une tension « dramaturgique » à la situation. Embrouiller celle-ci avec une relation amoureuse entre cette jeune femme éprise de liberté et un officier allemand, alors qu’elle ne recule devant aucun danger pour soutenir la Résistance… nous balance constamment entre mille interrogations sur le sacrifice des uns, la trahison des autres, entre le cœur et la raison, entre la noblesse d’âme et la lâcheté, entre la dignité et son déni.

Bernard Caprasse évite superbement le piège des effets de manche. À aucun moment, l’auteur ne surjoue son rôle. Grâce à un ton direct, humain et mesuré, mais aussi avec tact et beaucoup de finesse psychologique, il donne à ses protagonistes des aspérités, de l’étoffe, du réalisme ; à leur âme, de la substance, de la profondeur et même de la complexité, ce qui les rend terriblement attachants. Tout son récit y gagne en crédibilité et en efficacité. De fait, de la première page à la dernière, on est littéralement rivé à son récit.

Pour un premier roman, Bernard Caprasse réalise un coup de maître. Visiblement, il connaît – et aime – l’âme humaine ; écrire est pour lui un plaisir. Cet amour et ce plaisir, il les partage sans vergogne. À tel point qu’une fois la dernière page lue et le livre refermé, un sentiment nous surprend, comme une tristesse : celle de quitter des personnages dont l’auteur a su nous rendre intimes et auxquels on s’est attachés. Assurément, le signe d’un excellent roman !

Baudouin Delaite

« Le Cahier orange », de Bernard Caprasse est disponible sur notre e-shop : 

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