Les derniers jours du Moi – Lecture & analyse
Un roman sur le thème de la personnalité, de l’identité, dans lequel le héros entame une quête folle : que reste-t-il de nous, et du Moi, lorsque l’on a retiré, un à un, tous les superflus ? Un livre où se mêlent la gravité et l’humour, dans une histoire surréaliste qui se déroule entre Paris et Bruxelles.
LE THÈME
S’en revenant de guerre, un homme découvre son nom gravé sur le monument aux morts de son village. Une idiote inversion avec un homonyme, et on l’avait cru mort. Personne ne l’a regretté… mais tous ses proches l’ont oublié. S’en suit un choc existentiel qui le pousse éperdument à la recherche de lui-même…
Dans ses carnets intimes, l’intrépide ‒ et fantasque ! ‒ héros nous précipite alors dans une initiation singulière ; une quête insolite où se disputent sagesse et folie, rire et tragique, vrai et faux. Un dépouillement jusqu’à l’os, avec pour question lancinante : que reste-t-il quand nous avons retiré de nos vies tout le superflu ?
ANALYSE
« J’ai voulu écrire « le » livre de la folle sagesse et de la sage folie. J’ai alors cherché un style, et un ton, que je crois avoir trouvés : une danse désarçonnante entre humour et sérieux, où la gravité, la fougue et la clairvoyance, surgissent de la tragédie-burlesque. » nous dit l’auteur, pour qui seuls le style et le ton comptent lorsqu’il s’agit de littérature.
À travers cette fable douce-amère, hallucinée, au ton jubilatoire, sur notre condition humaine (particulièrement la condition des hommes), Luc Templier revisite ses thèmes de prédilection : l’art, l’humour et la féminité… trois planches de salut. « Trois veilleuses au cœur des ténèbres. »
« Ce roman m’a coûté trois années ! Des jours et des nuits à sculpter et ciseler l’ouvrage. Vous comprendrez à la lecture que ce livre fut pour moi une incroyable initiation dans laquelle j’invite le lecteur à la suite du héros. Une plongée sans concession dans la nuit pour y débusquer la lumière. »
Car derrière l’humour, derrière cette apparente pantalonnade, se cache une spiritualité forte, exigeante, une œuvre qui, mine de rien, nous prend par la main pour nous faire toucher l’essentiel : l’authenticité, la simplicité, le dépouillement. Un dépouillement jusqu’à l’os, à la racine de notre humanité. Une quête cachée, acharnée, déraisonnable, qui emprunte des chemins inattendus, où le héros navigue avec force en pleine tempête jusqu’au calme absolu…
« Je souhaitais parler de l’encombrement de nos vies, de la difficulté d’être homme aujourd’hui, des conséquences d’une virilité négative, violente, opprimante. Il n’était pas question de traiter ces thèmes avec trop de sérieux ; la leçon aurait été indigeste et contre-productive. Il fallait que je marie profondeur et légèreté. Je convoquai donc l’humour et la folie sous ma plume. Deux endroits sûrs où le sérieux peut se réfugier, survivre et s’exprimer. »
Les derniers jours du Moi ne ressemble en rien aux précédents ouvrages de Luc Templier (Le Maître de Waha, primé en Belgique ; L’Art de Vivre, salué en France par la critique.) L’auteur aime manifestement surprendre et se surprendre. Il déteste se répéter.
« Nos livres ne nous appartiennent pas vraiment. Surtout celui-là, que j’ai écrit comme presque dicté, sous influence. Toujours est-il que je n’ai jamais eu, comme ici, le sentiment du travail accompli et de l’œuvre juste, pleine, quoique complètement insaisissable. »
En effet, ce roman singulier ne laissera pas indifférent. Un roman puissant, inclassable, d’une originalité parfaite sur la question de l’identité. Les premiers lecteurs, et l’éditeur, y ont vu une sorte d’Ovni littéraire qui ne ressemble à rien de ce qu’ils avaient déjà lu…
« Puisse-t-il en être ainsi ! C’est ce que je cherche ; à la manière de Céline, de Gary, de Mauriac, de Julien Green… Il n’y a que le style et le ton qui comptent en littérature.… Et il faut mettre sa peau sur la table… Sinon, ce n’est que bagatelle et divertissement. »
PS : Un spectacle de Théâtre, très librement inspiré du roman, intitulé « Les derniers jours du Mâle », écrit et mis en scène par l’auteur, se jouera à la Maison de la Culture de Marche les 15, 16 et 17 février 2019.
Luc Templier est un écrivain franco-belge. Il vit à Marche-en-Famenne. Il a été tour à tour comédien, metteur en scène, publicitaire, conservateur de musée. Il est l’auteur du roman à succès “Le Maître de Waha”, de “L’Art de Vivre”, de “52 Méditations pour Vivre”, de pièces de théâtre et d’essais sur l’Art… Il anime en Belgique et en France des formations sur la Calligraphie et la Créativité.
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