Le coin lecture de Nath : coup de coeur pour « La Dérive des sentiments »
Héloïse de Sterpigny voit le jour en octobre 1921. Cette nuit devait être heureuse, le fruit de cet amour si grand entre la Comtesse Barbara Valensky et Jean de Sterpigny. Malheureusement elle fut tragique. Barbara décède en couches, donnant la vie à une petite fille, comble du malheur affligée d’un pied bot.
Pétrifié de douleur et de chagrin, Jean de Sterpigny rejette la faute à sa fille la rendant responsable. Il refuse de voir l’enfant et de s’en occuper.
Madame Lescrenier, la voisine, fermière de son état, va la prendre en charge contre une pension. Elle va l’élever comme sienne, mais au premier anniversaire de la petite, n’en pouvant plus de la situation, va demander à Jean de Sterpigny d’assumer. S’il ne s’en occupe pas, elle ne le souhaite plus non plus dans ces conditions. Soit il va au bout de son raisonnement et l’abandonne vraiment, ou elle vient lui présenter une fois par semaine afin qu’il la voie grandir.
Au fil du temps, une complicité va naître et Héloïse va finir par apprivoiser son père qui va l’aimer d’un amour inconditionnel.
Héloïse grandit, se forge un caractère fort, elle ne baisse jamais les bras malgré son handicap et va toujours de l’avant. Elle réagit avec force et courage face au mépris et à la méchanceté des autres. A l’école tout d’abord lorsqu’elle entend qu’on la surnomme “boitillon” puis plus tard auprès des siens dans la noblesse n’intéressant personne de son rang.
Le temps passe et nous voici après la libération, son père va organiser une chasse à courre et un grand bal, il est prêt à tout pour le bonheur de sa fille, pour trouver un prétendant de son rang à sa fille, son stratagème échoue, grosse déception, mépris encore.
Femme moderne, travaillant avec son père. Héloïse aime se promener auprès du peuple, avec sa voiture, elle aime aller visiter les marchés aux bestiaux. C’est là qu’elle tombera follement amoureuse d’un marchand, Louis Taverneux, n’ayant qu’un seul Dieu, celui de l’argent, de la richesse et du pouvoir.
Jean de Sterpigny y vit l’occasion de rendre sa fille heureuse, un mariage d’amour pour Héloïse qui tournera malheureusement au fiasco.
C’est un roman de femmes que nous propose Bernard Caprasse sur presqu’un siècle, il est d’ailleutrs divisé par un prologue et trois autres parties reprenant les prénoms de Barbara, Héloïse, Charlotte et Esmeralda. Ces femmes sont au coeur de cette saga, elles sont influentes, modernes, indépendantes et résilientes. Le fil conducteur est Héloïse et sa descendance en suivant son fils Bertrand.
Ce roman se passe en grande partie dans nos Ardennes mais vous propose aussi de voyager à Leuven, Bruxelles, en Suisse mais aussi en Amérique du Sud, il nous permet de traverser le siècle et les événements historiques de notre pays comme par exemple de manière rapide la guerre dans les Ardennes (plus développée dans le magnifique “Le cahier orange” que je vous conseille vivement), l’après guerre, mai 68, la scission de l’université de Leuven et le “Wallen Buiten”, la situation complexe de Molenbeek dans les années 70.
C’est passionnant, riche comme le vocabulaire. La plume est sensible et belle. L’écriture est fluide et les chapitres courts rendent la lecture prenante, les pages tournent de manière rapide. Bernard Caprasse a le don de raconter, de captiver.
Un roman qui dépeint à merveille sur le thème de l’amour et de la trahison, la société de l’époque, le milieu rural et celui de la bourgeoisie. La psychologie des personnages est bien développée, chaque personnage ou presque a un côté obscur mais aussi un autre lumineux.
Coup de coeur pour moi.
Ma note : ♥♥♥♥♥
Nathalie pour « Le coin lecture de Nath », 16/1/23 :
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