Une littérature de l’émerveillement, le premier roman d’Olivier Terlinden

Voici un tout nouvel auteur qui apparaît, Olivier Terlinden, un écrivain dont nous découvrons le premier opus, et, quelle joie de remettre ses pieds de lecteur dans les traces d’une littérature de l’émerveillement ! Il nous livre avec Au-delà du vieux mur un premier roman qui est toujours une apparition quand celui-ci réussit à percer une fois encore la carapace des fausses évidences du réel.

Olivier Terlinden révèle ici, dans un texte court et dense (accompagné d’une belle postface de Xavier Deutsch qui marque son éblouissement devant un texte qui lui fait évoquer André Dhôtel et même Alain-Fournier…) une quête initiatique telle que les contes et légendes les plus ancrées dans notre patrimoine.

Olivier Terlinden est agronome de formation et photographe de nature. Il est donc censé connaître cette matière première du vivant qui fascine et hante les hommes depuis toujours. Au-delà du vieux mur confirme cette attente.

François, un enfant de dix ans plonge au cœur d’un domaine mystérieux, le domaine d’Hermeline, traverse une nuit de tempête et y rencontre son futur mentor, un vieil homme qui vit là comme un ermite. L’enfant va apprendre à grandir à travers ses épousailles avec la terre. De rituel en rituel, de soubresaut en surprise, le roman déplie ses pages dans le fil de la vie et de la mort en lisière de ce mystère qui s’appelle la révélation. Ce domaine d’Hermeline apparaît comme un lieu producteur de légende à l’instar de ces étranges machineries littéraires qui font, dans leurs infinies variations, de l’appel de la forêt un moment-clé de notre humanité.

Un des lieux familiers de la littérature est celui de la transmission et du rapport singulièrement magique entre un vieil homme et un enfant. Les grands-parents, nous rappelle l’anthropologie, ne sont pas là pour faire respecter la loi, c’est là le rôle des parents, mais pour les initier à une autre dimension du monde, on parle alors de relations de plaisanterie. Dans Au-delà du vieux mur, c’est d’une sublime plaisanterie qu’il s’agit : l’accompagnement d’un enfant par un vieil homme dans la magie d’un lieu et l’esprit de la forêt.

Dans une pure forme classique – et qui s’en plaindrait ici ? –, l’auteur reprend le témoin de ces récits et romans qui font de la nature un sujet proche d’un mythe que l’homme cherche sans cesse à se réapproprier. Il ne s’agit pas ici évidemment d’une épopée à la mode d’un retour à une nature Instagram ! La boue, les excréments font partie du récit, les animaux grognent et se roulent dans la fange.

Olivier Terlinden a construit une forme de récit selon la règle d’or de ce triangle magique qui consiste à relier un vieil homme, un enfant et la nature et, plus précisément encore, la forêt. L’écriture est convaincante, attentive à tous les soubresauts du jour et de la nuit dans cet univers des apparitions.

Le roman plonge régulièrement dans la vie du petit François qui grandit dans cette fontaine de miracles qui s’appelle l’affection.

Un roman n’est évidemment pas une histoire racontée plus ou moins bien, mais surtout une antichambre à un plus ample et intime récit, celui des ombres et luminescences d’une vie. Olivier Terlinden y parvient ici brillamment.

Daniel Simon pour Le Carnet et les Instants, 26/5/24

« Au-delà du vieux mur » de Olivier Terlinden est disponible en librairie et sur notre e-shop :

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