Un prix prestigieux pour Marc Audrit et sa biographie Sur les traces de Jean de Selys Longchamps : une vie au galop
Mercredi 16 octobre 2024, Marc Audrit s’est vu décerner le prestigieux prix Charles Dollfus de l’Aéro-Club de France pour sa biographie Sur les traces de Jean de Selys Longchamps : une vie au galop. L’occasion pour nous de lui poser quelques questions et de revenir sur ce projet.
1 : Comment ce livre est-il né ?
Mon livre est né de l’envie de mettre fin à une double anomalie. La première était liée au fait que le récit de la vie de Jean de Selys était toujours résumé aux quelques secondes qu’avait duré son attaque sur le siège de la Gestapo de Bruxelles le 20 janvier 1943. Qui était-il avant, qu’est-il devenu après ? Personne ne s’était jamais vraiment soucié de le découvrir. Je voulais réussir à cerner qui était l’homme derrière le héros. La deuxième anomalie avait trait à l’invraisemblable quantité d’approximations, de rumeurs et de fake news qui ont entouré son exploit pendant 80 ans. Il me paraissait essentiel d’enfin tout remettre à plat pour honorer avec toute la rigueur qui s’impose un homme au parcours hors du commun.
2 : En quoi la sortie du livre et l’obtention de ce prestigieux prix remettent en avant les actes héroïques de Jean de Selys Longchamps ?
Le moteur essentiel de mon travail, c’est de lutter contre l’effacement et l’oubli. Si on y prend pas garde, le destin de celles et ceux qui ont lutté, souvent au prix de leur vie, pour défendre notre liberté risque d’être rapidement oublié. Il est donc essentiel de revitaliser leur mémoire, encore et encore. Le travail réalisé avec les éditions Weyrich va clairement dans ce sens. Tout, à commencer par l’écriture d’un récit rigoureux et archi documenté mais toujours accessible et passionnant, doublé d’un travail éditorial soigné et abondamment illustré, tout concourt à ce que le lecteur, connaisseur ou pas, prenne du plaisir à découvrir des pans entiers d’histoire qu’il ou elle ignorait. Dans ce contexte, le Prix Littéraire que le livre vient d’obtenir a un double effet : il valide la qualité du travail réalisé et il remet le livre sous les projecteurs, permettant ainsi à de nouveaux lecteurs de le découvrir. C’est véritablement un cercle vertueux ! Le Prix Littéraire ne fait donc pas seulement honneur à mon travail, mais surtout à la mémoire de cet homme remarquable.
3 : Il s’agit de sa biographie. Comment se sont déroulées vos recherches ?
Ça a été un travail de longue haleine, où l’on chine les informations dans une multitude de sources. Mais les documents ne parlent que lorsqu’on sait les interroger. Il faut les aborder avec une grande candeur doublée d’une rigueur de tous les instants pour qu’ils se révèlent. J’ai eu la chance d’avoir accès à beaucoup de documents inédits conservés par la famille de Selys Longchamps. Mais j’ai aussi voulu faire une biographie « gloutonne » et j’ai multiplié les sources de toutes natures pour ensuite les recouper inlassablement. Ce travail d’immersion permet de créer des pistes de Petit Poucet où les archives remplacent les petits cailloux blancs. C’est vraiment passionnant !
4 : Aujourd’hui, en 2024, on fête les 80 ans de la Libration. Quelle est l’importance de ce genre de publication ?
La publication de ce genre de livres est essentielle car nous vivons aujourd’hui sous un déluge d’informations (on dit souvent que l’être humain a une capacité d’attention d’à peine huit secondes : c’est moins qu’un poisson rouge !) qui rend la compréhension de tout ce qui se passe vraiment difficile. Un livre comme celui que j’ai écrit sur Jean de Selys desserre l’étau du présent en faisant un détour par le passé. C’est particulièrement intéressant car sous bien des aspects, on se rend compte que l’histoire bégaie et que bien des événements observés il y a 80 ans ont une étonnante résonance avec notre actualité en 2024. C’est essentiel pour sortir de l’infernal tourniquet présentiste.
5 : Que représente ce prix pour vous ?
Une source d’infinie fierté. L’Aéro-Club de France est une véritable institution dont la création remonte à 1898. C’est la toute première institution aéronautique au monde, qui se pose depuis plus d’un siècle en mémoire vivante d’une des plus grandes aventures de l’humanité. Fidèle à une tradition remontant à 1925, l’Aéro-Club de France décerne des prix et diplômes aux meilleures œuvres littéraires récentes ayant un rapport culturel avec l’aviation. Voir mon travail récompensé d’un Prix Littéraire par un jury d’experts, qui mêle entre autres des historiens et des anciens pilotes, est une fabuleuse récompense qui me donne m’encourage également à continuer à explorer d’autres figures injustement oubliées. Ça tombe bien car je suis le point de publier, toujours chez Weyrich, une nouvelle biographie d’aviateur méconnu – Charles Goffin – le seul pilote belge de l’U.S. Air Force.
Propos recueillis par Emmeline Renier
« Sur les traces de Jean de Selys Longchamps » de Marc Audrit est disponible en librairie et sur notre e-shop :