Un livre référence pour plonger dans la Semois-Semoy

C’est une des plus belles rivières de Wallonie, toujours très appréciée des touristes qui y découvrent de superbes paysages. La belle et langoureuse Semois s’étire sur 210 kilomètres entre Arlon et Monthermé en France, où elle est devenue Semoy. Un beau livre la décrypte tous azimuts.

Voici 20 ans, Dominique Billion s’était penché en long et en large sur elle, les éditions Eole publiant son premier « Mémoire de Semois ». L’auteur arlonais qui habite à quelques centaines de mètres de sa source a décidé voici 3-4 ans de remettre l’ouvrage sur le métier, en l’étoffant drastiquement. Il aborde par le texte et la photo toute la Semois, la haute, la moyenne et la basse, mais aussi tout son bassin qui s’étend sur 1350 km2, en parlant histoires et histoire, patrimoine, nature, légendes, gastronomie, culture, dans le but d’en faire un livre-référence. Un ouvrage qui n’est pas construit sur base d’informations glanées sur internet, mais dans les archives de l’Institut archéologique luxembourgeois et sur le terrain qui a été quadrillé pendant plus de 3 ans, en toutes saisons. « Je me suis donc réimprégné dans ce territoire que j’apprécie et que je connais, mais il y a toujours des choses à découvrir. J’ai voulu un ouvrage à la portée de tous, donc j’ai vulgarisé ce qui était trop technique et scientifique. »

L’auteur reconnaît qu’il est un peu sorti du lit de la rivière à 3-4 endroits, pour parler d’Orval l’incontournable, à quelques km de Florenville, puis Muno, pour une raison sentimentale car il y a habité et pour parler de la ligne de chemin de fer reliant la France à Bertrix via Muno et Ste-Cécile, et enfin Buzenol et son site de Montauban.

En 1967, la redécouverte des sources

On suit le cours de la Semois, d’Arlon à Monthermé mais il y a aussi des chapitres transversaux comme la gastronomie et la peinture. Un cours qui démarre donc à Arlon, et qui fut redécouvert en 1967 par Louis Lefèvre, conservateur du Musée luxembourgeois car pendant trois quarts de siècle, les sources avaient disparu sous la terre, les plantes et les arbrisseaux. A tel point que certains Arlonais désignaient la source ou les sources à quelques centaines de mètres de là, dans les caves de l’ancienne brasserie Doucet, ou à la Spetz, ou ailleurs dans Arlon.

Louis Lefèvre fit donc des recherches et remit au jour un bassin à 3 mètres de profondeur, bassin que l’on voit toujours à l’angle de la rue Sonnetty et de la rue des Tanneries, les tanneurs de jadis ayant au 19ème siècle le droit de laver leurs peaux dans le réservoir des sources. La rue de la Semois se trouve un peu plus en aval, là où on ne voit pas la rivière naissante qui a été canalisée en souterrain. C’est donc un peu plus loin que la rivière revient à l’air libre pour filer presque libre vers la Gaume puis l’Ardenne, car d’Arlon à Tintigny, la rivière a malheureusement été canalisée et la biodiversité en a pris un fameux coup. Dans les années 50-60, les zones humides n’étaient vraiment pas bien vues et l’homme a tout fait pour les réduire en les asséchant via une canalisation qui ne permettait plus à la rivière de s’étendre sur un lit très large. Il en reste aujourd’hui quelques « bras morts », c’est ainsi qu’on les appelle mais ils sont pourtant bien vivants et riches. Et puis, les marais de la Haute Semois où l’on extrayait la tourbe pour se chauffer sont toujours bien là et sont devenus des réserves naturelles qu’in programme européen Life surveille actuellement de près pour aider ces tourbières et marais à revivre.

Des sites et personnages énigmatiques

Plus loin, la moyenne et la basse Semois deviennent beaucoup plus touristiques, avec des sites et des villages très connus comme le rocher du Hat, la Roche à l’appel, le Tombeau du Géant, le pont de claies de Laforêt, Rochehaut, Botassart, Vresse, Bohan, Bouillon. La Semois y a creusé de fabuleux méandres en s’écoulant lentement, offrant des paysages magnifiques et des points de vue sublimes.

Mais Dominique Billion vous fera aussi connaître des histoires et des sites moins connus, car cachés, oubliés ou privés, comme le château des Amerois, le tunnel de Sainte-Cécile, la forge Roussel, la légende du Traîcousse, Tchatcha le dernier druide, les lumerettes ou le trésor caché de Liresse. Il ne restera qu’un mystère non élucidé, pourquoi la Semois est devenue Semoy en passant la frontière !

La Semois a en tout cas plus d’un tour dans son sac pour vous donner l’envie d’aller la voir de près ou de loin, entre balades bucoliques, découvertes culturelles, patrimoniales et naturelles, le tout agrémenté d’agréables coups de fourchette, entre jambon, gibier et cigares de la Semois !

Un article signé Jean-Luc Bodeux pour Le Soir

« Mémoire de Semois » de Dominique Billion est disponible en librairie et sur notre e-shop :

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