Un livre qu’il faut à tout prix découvrir !

« Sur les traces du I.SS-Panzerkorps » décortiqué par 39-45 Magazine

ll nous propose un parcours intéressant, celui du I.SS-Panzerkorps, depuis les terribles combats de Normandie mais, surtout, en suivant son repli jusqu’en Belgique, une étude tout à fait nouvelle, celle aussi d’un exploit, comme l’auteur le rappelle : « L’analyse de ce mouvement de recul de six cents kilomètres s’étendant sur deux semaines laisse songeur. Des troupes battues et épuisées par deux mois et demi de bataille continue dans le bocage normand parviennent à se replier en bon ordre en infligeant des pertes substantielles à l’adversaire, notamment sur la Seine et la Meuse. Pourtant la saignée est immense pour le I.SS-Panzerkorps. ll a commencé la campagne de Normandie avec quarante-trois mille hommes. ll se retrouve le 12 septembre avec seulement vingt-trois mille survivants en sécurité derrière les frontières du Reich, pratique ment sans véhicules de combat. Les soldats de Dietrich ont certes été battus, mais n’ont pas été annihilés. Ce noyau de vétérans formera la charpente des unités qui s’élanceront trois mois plus tard dans l’offensive Wacht am Rhein. C’est un miracle de redressement militaire qui se termine par une victoire en Hollande avec la mise en échec de l’opération Market Garden par le I.SS-Pz-Korps. »

Hugues Wenkin rappelle les trois facteurs qui, selon lui, ont permis ce miracle : – l’entraînement suivi par ces hommes, « rudes combattants affichant une grande maîtrise des tactiques de combat » – Les Alliés n’ont pas su profiter des chances qui leur sont alors offertes, la fermeture de la poche de Falaise a traîné, le carburant ne suit pas. – Le troisième facteur réside dans la qualité de l’encadrement. « La SS forme une élite combattante à part, dont les chefs sont appréciés et jouissent de la confiance de leurs troupes. (…) S’ils ont perdu l’initiative, ils conservent sans cesse le contrôle de leur situation. » Et l’offensive alliée s’est essoufflée.

Mais ce livre nous fait découvrir le repli de ce Panzerkorps à travers une Belgique – la Wallonie dans ce cas – où les Waffen- SS vont être confrontés à une résistance bien plus agressive qu’en France. Le danger sera partout et terrible pour les troupes en retraite. « La mise en action de la Résistance, début juin 1944 génère une répression impitoyable de la part de l’occupant. (…) La violence entraîne la violence, si bien qu’à la veille de la libération, la Belgique est plongée dans une situation inconnue jusque-là, où le respect de la vie d’autrui devient secondaire. » Pourquoi alors avoir traversé le piège infernal des Ardennes pour cette retraite ? « Le massif forestier est le chemin le plus court vers la mère patrie ; enfin, ses coupures humides et son relief escarpé en font une zone facile à défendre et parfaite pour un repli par échelons. Néanmoins, les Ardennes sont loin d’être sûres. » Les résistants ardennais vont harceler sans répit les troupes en retraite et beaucoup ne feront pas de différence entre troupes anti-partisans du SD et Waffen-SS, ces derniers étant souvent massacrés. « Cette catharsis n’est que la conséquence des actes de I’occupant. ll n’en reste pas moins vrai que la Résistance belge, et en particulier le Front de l’indépendance, ne sort pas toute blanche de cette période particulière (…). La lecture des rapports pourrait confirmer les affirmations de crimes de guerre dans le chef de la Résistance. (…) A Stavelot, il n’y a plus aucune force de l’ordre et des civils portant des brassards quelconques, armés de leur propre chef, font régner un ordre très relatif. On y signale qu’un civil armé a abattu par mégarde un officier américain. ll semble aussi y avoir des exécutions sommaires de prisonniers, en particulier dans les semaines qui suivent. »

La phase du repli à travers les Ardennes est un sujet inédit et l’auteur évoque aussi, en détails (avec deux croquis très précis), la capture de Kurt Meyer, un élément « fort » dans cet ouvrage. Les exactions de la résistance ardennaise, qui ont suivi celles de l’occupant, les prisonniers de guerre liquidés, le harcèlement permanent, tout cela a laissé un goût très amer aux troupes se repliant, principalement parmi les Waffen-SS qui en ont été les premières victimes. Cela peut expliquer – sans l’excuser – les exactions de la Kampfgruppe Knittel lors du retour sur Ie même secteur, au mois de décembre. Un remarquable document. Les seules petites critiques : quelques fautes techniques de frappe et des photos peu légendées qui sont surtout des « images d’ambiance ». Mais un livre qu’il faut à tout prix découvrir.

Une critique signée Georges Bernage et Christophe Séhel
pour 39-45 Magazine, janvier-février 2021.

« Sur les traces du I.SS.Panzerkorps de la Normandie aux Ardennes » est disponible en librairie et sur notre e-shop : 

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