Ultimes confidences ou « ce qui ne figure pas dans les grands livres d’histoire »
Les derniers témoins de Bastogne parlent
Par Jean-Michel Bodelet (l’Avenir Luxembourg le 12 décembre 2020)
Dans son dernier ouvrage, notre collègue Philippe Carrozza propose le témoignage de 5 contemporains de la bataille de Bastogne. Passionnant.
Est-il possible d’humaniser la guerre ? Pas dans le sens de la rendre acceptable par tous mais dans la perspective de lui donner une apparence de vécu, pour celles et ceux qui ne l’ont pas connue. La réponse serait sans doute négative si l’on s’en tient à une approche purement stratégique, celle des plans élaborés par les quartiers généraux. La réponse serait également négative si l’on ne se centre que sur une perspective « technique » soit celle du matériel utilisé. Par contre, lorsque l’on glisse vers le témoignage, vers le récit de ce témoin, cette guerre peut être vue d’une autre façon, et il serait même parfois possible de s’imaginer être à la place du contemporain .des faits. Dans cette récolte de témoignages, notre collègue Philippe Carrozza excelle. Ses premiers ouvrages, dont Ils m’ont volé mes plus belles années sont des exemples du genre.
Derniers témoins
Philippe Carrozza revient, toujours chez l’éditeur chestrolais Weyrich, avec un nouveau livre titré : Ultimes confidences, Le siège de Bastogne par ses derniers survivants. Un titre qui se veut -et qui est tout un programme. La région bastognarde en est le théâtre. Les événements sont placés sous le vocable de « confidences ». Soit ce que l’on chuchote au coin de l’oreille, ce que l’on a attendu pour livrer, ce qui ne figurera pas dans les grands livres d’histoire, mais qui, cependant, a marqué le témoin. Le terme « ultime », lui, vaut mieux qu’un grand discours pour qualifier la disparition des derniers acteurs, passifs ou actifs, des événements.
Cinq témoignages
Un des grands mérites de cet ouvrage réside, sans doute, dans son éclectisme. Philippe Carrozza est parti à la rencontre d’un commandant de char allemand, ancien du front russe et de la Normandie, d’un brancardier belge, d’une étudiante et de deux jeunes gars, 12 et 13 ans.
Ces derniers nous livrent une histoire parallèle de cette bataille avec leur regard d’enfant. Un témoignage étant directement recueilli par l’auteur, l’autre étant celui écrit par Louis Mostade, celui-là même qui inspirera l’histoire d’Émile, un des acteurs du Bastogne War Museum. Ces cinq témoignages apportent indéniablement un plus à la compréhension, de l’intérieur, de ce dernier coup de dés d’Hitler. Le tout avec des yeux différents. Une histoire qui s’échafaude tout en se complétant. Ces récits sont remis en perspective par Hugues Wenkin.
« Ultimes confidences, Le siège de Bastogne par ses derniers survivants » de Philippe Carrozza est disponible en librairie et sur notre e-shop :
