Ultimes confidences : les derniers témoins racontent Bastogne
Le nombre de survivants de la bataille des Ardennes, civils comme militaires, se réduit inexorablement. Bientôt ne resteront que des souvenirs, des témoignages transmis de génération en génération. Il n’en faut pas plus donc pour savourer davantage ces Ultimes confidences recueillies par le journaliste Philippe Carrozza pour les éditions Weyrich. Un travail patient de récolte de détails à recouper, de témoignages à vérifier avec l’esprit critique nécessaire.
Des témoignages en forme d’instantanés d’une bataille terrible, qui a décimé aussi bien les belligérants que les Ardennais pris au piège.
Ce sont cinq témoins qui racontent leur vécu. Une jeune fille, un brancardier belge engagé dans le service médical de la 101e AD, deux jeunes Belges et un commandant de char allemand. Des récits qui humanisent les ouvrages militaires déjà consacrés à la bataille. Et à travers les lignes de ce volume transpirent l’émotion et la peur, toujours bien présentes dans les mémoires des témoins. Ce que ces gens ont vécu n’est plus compréhensible aujourd’hui. De quoi relativiser aussi notre confinement qui n’a vraiment rien à voir avec le sort vécu par les civils, bloqués dans les caves durant des nuits et des nuits. Fermons la parenthèse.
Ce document, richement illustré de clichés souvent inédits, permet de découvrir des pans de l’histoire avec des témoignages des premières lignes. Côté allemand, le lieutenant Bauer, vétéran du front de l’Est et de la bataille de Normandie, était persuadé de pouvoir atteindre ses objectifs, avant de découvrir que la réalité de terrain était loin d’être favorable aux blindés allemands. Un officier qui s’étonne aussi du manque de férocité des tankistes alliés. Jugés « prudents, trop prudents. (…) Et c’est pour cela, à mon avis, que les combats ont duré plus longtemps que prévu sur le front Ouest. »
Des combats qui ont fait de nombreuses victimes, situation racontée par Georges Michils, jeune brancardier belge. Son témoignage a été longtemps mis en doute, mais il apporte néanmoins une vision dantesque de la situation vécue dans Bastogne en ce terrible mois de décembre 1944. Rendu plus rude par les conditions hivernales. Le froid, cet autre ennemi présent sur le front, et si difficile à supporter par les témoins. Comment peut-on s’imaginer ces civils bloqués dans des caves par -20 degrés et sans pouvoir se chauffer ou bouger?
Avec ces témoignages de derniers survivants, l’auteur livre un ouvrage qui s’inscrit dans la démarche du passage de mémoire. Tout en gardant à l’esprit que ces récits peuvent être déformés, volontairement ou pas, par les témoins. Une fiabilité des témoignages sur laquelle revient d’ailleurs l’historien Hughes Wenkin. Avec la difficulté, parfois, de croiser les faits et les récits. Il faut alors faire confiance, et enquêter sur le terrain. Encore et encore.
« Nos témoins nous prennent par la main et nous emmènent dans une période qu’aucune personne censée n’aurait voulu vivre. » précise Hughes Wenkin en guise de conclusion à ce document. Résumé en une phrase par les témoins civils : « ce ne fut pas sans souffrance que nous fûmes délivrés de ces sales boches. »
Un article de Philippe Degouy sur :
« Ultimes confidences, Le siège de Bastogne par ses derniers survivants » est disponible en librairies et sur notre e-shop :
