Tu seras cuistot mon fils !

Ancien patron du Pré Bida à St-Georges et natif de Haneffe, Philippe Renard a eu une vie professionnelle bien remplie. Qu’il raconte dans son dernier livre.

La bouille ronde et chauve et les lunettes arrondies de Jean-Pierre Coffe. Sa gouaille, aussi, quand il parle des « produits de merde ». Et la même passion de la cuisine, surtout. Ça lui a pris tout petit, quand il a fait sa première « mamonaise », comme sa maman, dans son bac à sable avec des litres de lait et 30 oeufs frais… « À 11 ans, je ne faisais rien de bon à l’école, ce qui énervait très fort mon père. Ma mère avait alors lancé l’idée que si je faisais cuistot, je n’aurais au moins jamais faim. Du coup, mon père m’a dit “Tu f ’ras cuistot, gamin !” » Ce que Philippe Renard a fait, en intégrant dès 12 ans l’école hôtelière de Liège. « D’un côté, la bouffe, c’était toute ma vie. C’était un élément central, dans ma famille. Mes parents avaient connu la guerre et avaient toujours peur de manquer à manger. Ma maman, qui était fille de ferme, a toujours cuisiné au beurre et à la crème et m’a appris ça. Elle a tenu une épicerie, aussi. Et ma grand-mère paternelle a été cuisinière au château de Horion- Hozémont. »

En 1982, il ouvre son restaurant, « Le Pré Bida », à Saint-Georges. Il fait aussi traiteur,entre autres pour des communions et des mariages, « des centaines en tout ». De1990 à 1997, il reprend leBruegel, à Damme, un 2 étoilesbien connu. « Puis j’ai travaillé un an pour mon ami Jean Galler, en participant à l’ouverture de son premier point de vente sur la Grand-Place de Bruxelles. » Avant de s’expatrier deuxans à Paris, où Philippe Renarda d’abord travaillé quelquesmois dans un restaurantbelge du6e arrondissement avant dedevenir chef de cuisine àl’ambassade de Belgique.

Quelques mois après son retour au pays, il reprend les cuisines du personnel de la SMAP (devenue Ethias depuis) jusqu’en 2011. « J’ai ensuite, jusqu’en 2017, organisé des ateliers culinaires, toujours à Liège, où les gens réalisaient un menu six services qu’on dégustait ensuite ensemble. J’avais baptisé ça “Philosophie de cuisine” et c’est le nom que j’ai ensuite gardé pour toutes mes activités. »

Les trois années suivantes, l’ex-Haneffois et ex-Saint- Georgien les passera au sein d’une coopérative visétoise (ADM Bio) regroupant des producteurs bio de la région. « Je faisais des plats en bocaux pour eux, à base de légumes et de fruits. » Jusqu’à la retraite officielle en 2020. Enfin, la retraite, comment dire… Philippe Renard n’est pas homme à ne rien faire. De la cuisine, de l’écriture, du théâtre, de la pédagogie avec les plus petits : celui qui est devenu Sprimontois a encore plein de projets. « J’ai écrit un nouveau livre, sur l’alimentation d’aujourd’hui », qui devrait être ensuite adapté au théâtre. Il s’y insurge de « toutes ces merdes qu’on veut nous faire manger. Un peu à la Jean-Pierre Coffe, en fait. Parce que depuis que ce gars n’est plus là, personne ne l’a remplacé ! » En tout cas, des Philippe Renard, il n’y en a pas deux non plus…

Anne-Françoise Bertrand
(Sources : L’Avenir Huy-Waremme)

« Tu seras cuistot, mon fils! » de Philippe Renard est disponible en librairie et sur notre e-shop :

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