« Soyez curieux, lisez-le ! »
C’est le conseil de la chouette blogueuse belge Nathalie Van Hauwaert.
“Ce que le fleuve doit à la plaine”, c’est un dépaysement total, c’est comprendre l’histoire des peuples qui vivaient en harmonie dans cette contrée avant l’invasion russe de 2014 et son annexion, c’est le sentiment de liberté sur un cheval dans ces plaines magnifiques et c’est surtout une belle histoire d’amitié.
Le fleuve c’est Oleg, un Ukrainien descendant cosaque, russe de coeur. Il pratique chaque matin la nage dans l’eau glacée du fleuve Alma. Il travaille comme guide équestre chez Vlad un hôtelier de Yalta. Il soigne son cheval Shanti pour la saison qui arrive. Nous sommes fin février 2014, des petits hommes verts polis, sont de plus en plus présents dans la région, cette milice pro-russe sème un sentiment de crainte, vont-ils envahir la Crimée ?
La plaine c’est Kash, le Tatar. Il est descendant du grand Kahn, un peuple musulman arrivé dans la région à l’époque de Gengis Kahn qui a souffert de la confiscation de ses terres, de l’exil, de purges. Le mauvais souvenir de Staline est toujours présent dans la mémoire de son peuple. Kash est cavalier, guide lui aussi sur son cheval Kahrawan.
Oleg et Kash sont amis depuis toujours, leur destin est en quelque sorte lié.
Il y a aussi les soeurs Roudakova, d’origine italienne, Myriam amoureuse d’Oleg et Nina de Kash. Elles sont maraîchères et vivent dans leur ferme.
Un matin de retour de sa nage matinale, Oleg voit qu’il y a de l’animation du côté du village pêcheur tatar, un corps vient d’être retrouvé. Puis un autre meurtre… que se passe-t-il dans la communauté, est-elle une nouvelle cible ? Et tous ces hommes verts ? Une invasion se prépare-t-elle ?
Un homme, Constantin de la Militsiya se rend sur place pour enquêter sur les meurtres et nous voici embarqués dans un polar politique qui va prendre le temps de nous décrire les communautés en présence et ce qui se met en place concernant l’annexion.
Alain Lallemand, journaliste, a couvert les événements en Crimée en 2014, il nous décrit à merveille les relations entre les habitants de la Crimée, la vie des différentes communautés et ces quelques jours qui ont suffi pour que les Russes prennent la région.
Avant tout on parcourt la plaine sur le dos des chevaux, les paysages sont à couper le souffle, c’est une immersion totale dans la culture, la nature. L’écriture est magnifique, lyrique, foisonnante. Alain Lallemand prend le temps de décrire, la course équestre est particulièrement immersive, les paysages défilent c’est très visuel, un peu comme un tableau nous livrant chaque détail.
Outre le conflit c’est surtout un belle histoire d’amitié entre Oleg et Kash, indissociables car le fleuve et la plaine se déchirent parfois mais sont complémentaires.
Un roman qui permet de mieux comprendre cette région du monde, il y a encore beaucoup de surprises et rebondissements et des tas d’autres personnages attachants.
Soyez curieux, lisez-le !
Ma note : 9/10
Photo d’en-tête : © Bruno D’ALIMONTE
Nathalie Van Hauwaert pour Le coin lecture de Nath
« Ce que le fleuve doit à la plaine » de Alain Lallemand est disponible en librairie et sur notre e-shop :