Sombres secrets dans une bourgade provinciale

La rentrée littéraire voit paraître le premier roman de Pascal Lorent, journaliste au Soir. Retour à Anvie met en scène un policier solitaire qui devra dépasser un deuil pour résoudre son enquête dans une petite bourgade provinciale engluée dans de sombres secrets.

Dans ce bref interview, Pascal Lorent nous a raconté la genèse de ce récit.

  • Pourquoi avez-vous choisi de situer votre récit dans une petite ville provinciale ?

L’idée initiale était de situer l’histoire dans un lieu fictif, une « utopie », ce qui reste un peu le cas puisque la localité d’Anvie n’existe pas. Elle est la contraction du nom de celle d’Annevoie. Le village situé en province de Namur est le lieu qui m’a inspiré. Je souhaitais toutefois que l’histoire se déroule en France, où existe toujours un corps de gendarmerie, afin d’alimenter la rivalité entre le policier et le gendarme dans le récit. Enfin, en situant le récit en province, je rendais les agissements du maire plus plausible car perpétrés sur un territoire éloigné de la surveillance de l’autorité judiciaire.

  • Est-ce que votre métier de journaliste vous a aidé à créer votre galerie de personnages ?

En partie, tout comme ma culture de cinéphile ou mon vécu. Ainsi le personnage du maire est inspiré par celui joué par Julien Guiomar dans le film « Mort d’un pourri ». Mon expérience de journaliste m’a également servi à nourrir l’intrigue du récit. C’est un tout. Et mon métier requiert une grande empathie et une capacité d’observation de mes semblables. En cela, en effet, il m’a été fort utile.

  • Le personnage principal, policier, est-il plus intéressé par la résolution de l’enquête ou par le dépassement de son deuil ?

Il est plus intéressé par la résolution de l’enquête car son investissement professionnel est total et est sa seule manière de survivre. C’est pour lui une stratégie de survie, une fuite en avant pour échapper à la douleur causé par la perte de la femme qu’il aimait. Mais en retournant dans ce village où il a séjourné autrefois avec sa compagne, il ravive les souvenirs enfouis et réveille un deuil qui, chez lui, est problématique. Ce deuil devient donc un obstacle à la résolution de l’enquête et, pour résoudre celle-ci, il doit le dépasser.

  • C’est votre premier roman. Comment et pourquoi passer de l’écriture journalistique à l’écriture romanesque ? En quoi est-ce différent ou semblable ?

Ecrire un roman était une promesse faire à moi-même, un rêve caressé alors que j’étais étudiant à l’université. J’avais d’ailleurs rédigé les premiers chapitres de ce livre à l’époque. Quand j’ai perdu mon fils, voici cinq ans, j’ai compris qu’il ne fallait pas reporter sans cesse la réalisation de ses rêves à plus tard. Par ailleurs, ce projet était aussi une manière de lui rendre en hommage en associant son prénom, Hugo, à la fiction que j’étais en train d’écrire. J’allais ainsi laisser une trace de lui qui me survivrait également. Par ailleurs, le passage d’une écriture journalistique, où il faut se montrer concis, à une écriture littéraire, où l’on peut développer son propos, n’a pas été trop difficile en soi car il s’agit de deux exercices de style totalement différents. Par contre, couper dans le « gras » du texte parce qu’il était trop long, trop emprunté, trop léché parfois, fut un travail beaucoup plus ardu. Bien plus que tailler dans un article. En coupant dans les pages et chapitres de mon roman, j’avais le sentiment de l’altérer, alors que je le densifiais. Sous la direction de Christian Libens, je me suis fait violence tout en apprenant  les exigences de l’écriture romanesque.

« Retour à Anvie » de Pascal Lorent est disponible en librairie et sur notre e-shop :

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