Retrouvez Maigret et… la Belgique de Simenon en format poche
Pour les trente ans du décès de Georges Simenon, « Soir Mag » propose une série de quatre livres en format poche édité par Weyrich, qui rendent hommage à l’auteur liégeois. Michel Carly et Christian Libens retracent le parcours de l’écrivain belge le plus lu au monde et plus adapté à l’écran.
Simenon, romancier universel et cosmopolite, ne serait-il pas aussi l’un des plus enracinés dans le territoire affectif de ses origines ? Joli paradoxe : la Belgique est le creuset d’où sont sortis tous ses romans… Ou presque tous !
Michel Carly et Christian Libens, deux « simenoniens » passionnés, ont mené leurs recherches à Liège, à Charleroi, à Bruxelles, en Ardenne et au pays flamand. Ils ont retrouvé des lieux d’inspiration, des décors d’époque, des ombres familiales…
Découvrir d’autres visages de Simenon
Très tôt, à Liège, le jeune Simenon s’approprie un capital sensations, un patrimoine affectif, une géographie émotionnelle, l’assise première de ses choix, l’affilage de ses sens.
Il est clair que c’est au cours de ses jeunes années qu’il forge une part de sa personnalité. L’adolescent qui étouffe dans son cercle familial, le jeune journaliste qui fouine, sonde, inventorie, savoure et déprise à la fois sa ville, l’impatient qui casse sa dérive et quitte son terroir natal préparent déjà le romancier qui germe en lui.
À Liège, il façonne son regard social, pétrit son appétit de vivre, explore ses attachements et ses attirances féminines, boxe ses frustrations et ses amertumes familiales. Il fixe ses ambitions et emporte en lui sa passion d’écrire, son mépris pour les lâchetés des adultes, son énergie à surpasser la médiocrité des siens. Il glisse dans son bagage vers Paris une insatiable curiosité humaine, des personnages en gestation, son olfaction des rues, des marchés, des premiers commissariats, sa perception de la ville en tant que champ clos des détresses et des turpitudes humaines.
Quand il quitte définitivement Liège, le 10 décembre 1922, emporte-t-il une part de son pays natal à la semelle de ses chaussures impatientes ? Quels lieux de Liège, quels paysages belges l’ont fasciné ? Où a-t-il engrangé ces « atmosphères » qui signent certains romans d’une griffe originale ? Il ne s’est pas contenté de sa ville : il a dilaté ses propres cercles dans le Charleroi des convulsions ouvrières, le Bruxelles du luxe et du plaisir, la Flandre des mouillages et des maillages secrets.
Mais comprendre un écrivain ne se limite pas à se pencher sur le cadastre de ses romans. Il ne faut pas oublier cet aveu de Simenon : « Mes personnages, je les ai rencontrés à Liège, pendant mon enfance, à Paris ensuite, dans la province française. »
Michel Carly et Christian Libens évoquent également, par une approche nouvelle, les rencontres qui ont permis à Simenon de façonner plus tard certains de ses personnages, de les cadrer dans des lieux et des situations exemplaires. Là est sa part de nourriture humaine qu’il doit aussi à sa jeunesse. Scènes de crimes, modèles inconnus de Maigret, personnalités fortes de la police liégeoise, surgissements d’anarchistes, archétypes féminins, autant d’éléments qui manquaient aux lecteurs pour interpréter de grandes figures de son œuvre.
Au fil de leurs recherches, leur principal souci a été d’aborder le vécu et l’univers de l’écrivain sous des angles nouveaux, voire inédits. Comment se présente le Liège de la prostitution à l’époque ? Y a-t-il lieu de croire à un Simenon voleur de bicyclette ? Pourquoi sa haine viscérale de l’incarcération ? Où renifle-t-il son premier commissariat ? Comment considère-t-il les Flamands et leurs revendications nationalistes ? Peut-on déterminer le degré de culpabilité de son frère Christian compromis dans la collaboration durant la Seconde Guerre mondiale ?
Michel Carly et Christian Libens apportent un soin particulier au côté visuel de cet ouvrage, proposant une iconographie renouvelée, un regard photographique sur les lieux quotidiens de Simenon. Nous avons donc puisé dans de nouvelles sources, consulté des archives dormantes, dépouillé des collections privées, exhumé de saisissants clichés des archives criminelles de la Police fédérale et de la Police judiciaire de Liège.
Les passionnés trouveront dans cette série poche une réponse à leur soif de découvrir d’autres visages de Simenon, autant que l’envie de le lire ou le relire.