Rencontre avec Benoît Goffin, auteur wavrien de « Messes amères »

Et si nous commencions par vous dire que l’intrigue mise en scène dans Messes amères vous fait avaler les pages comme des enfants de chœur les hosties ? Que les descriptions vous permettent de rencontrer des personnages affûtés, sculptés tels ceux des retables de sacristie ? Que les secrets noirs du livre électriseront vos sens et inquiéteront vos certitudes ? Que ce premier roman est tout simplement une perle ! Nous avons rencontré l’auteur pour vous : il est aussi doux que son livre est puissant.

Bonjour Wavre : Bonjour Benoît Goffin. Comment pouvons-nous vous présenter à nos/vos lecteurs ?
Benoît Goffin : Je suis historien de formation. J’ai enseigné l’histoire et la religion aux élèves de rhéto pendant 22 ans. Ensuite, j’ai assuré les fonctions de directeur, toujours à Don Bosco. J’ai 61 ans, je suis marié et père de deux (grands) enfants.

Précisons-le de suite, vous êtes Wavrien !
Oui, Wavre est mon lieu d’ancrage et d’enracinement familial. J’aime ma ville à taille humaine et c’est chez moi, à Basse-Wavre, que j’ai écrit Messes amères.

Quel est ce parcours qui vous a mené à devenir auteur ?
J’ai toujours écrit. Depuis mes 15 ans, j’ai besoin de coucher sur papier ce qui me tient à cœur pour éclairer mes ressentis, ancrer le fugitif, préciser des descriptions… Ma fin de carrière m’a enfin donné le temps calme nécessaire dont j’avais besoin pour terminer mon roman entamé il y a 8 ans. L’année dernière, j’ai publié une nouvelle et j’ai déjà terminé un second roman tandis qu’un troisième est en cours. On ne m’arrêtera plus (rire).

Si vous deviez planter le décor de Messes amères… ?
C’est un polar. Un roman policier. L’histoire se déroule en 1982, durant la Semaine Sainte, à Bruxelles, Liège et dans les Fagnes. Un frère est assassiné et l’enquête trébuche dans ce milieu monastique masculin, sombre et secret.

Pourquoi avez-vous écrit sur le monde monastique ? C’est un choix pointu et particulier.
J’ai clôturé mes études avec un mémoire sur les ordres monastiques et je dois dire que je suis passionné par ce milieu, cette vie spirituelle isolée, volontairement en retrait du monde et plus particulièrement par l’ordre des Chartreux qui vit fermé sur lui-même. J’ai eu envie de creuser.

On dit souvent qu’il y a une part autobiographique dans un premier roman. Est-ce le cas dans Messes amères ?
Pour la rédaction de mon mémoire, j’ai fait des séjours en abbaye en Belgique. J’ai également fait l’expérience de la vie monastique de manière assez brève ce qui m’a permis de percevoir la réalité de l’intérieur, d’en comprendre les failles. Je me sers incontestablement de mon vécu mais je ne me suis pas mis en scène dans mon roman.

Vous parlez des failles de ce monde ecclésiastique. Votre livre ne dessert-il pas l’Église finalement ?
Je ne suis pas tendre avec elle, c’est vrai mais je ne l’accable pas pour autant. Je mets le doigt sur un certain nombre de difficultés on va dire. Des intrigues secondaires se mêlent à l’enquête principale car j’aborde des thèmes comme la Résistance durant le Seconde Guerre mondiale, l’homosexualité, la politique européenne… Une toile d’araignée se tisse dans ce monastère où, finalement, derrière une façade et une notoriété très select, ça sent mauvais…

Au fil des pages, on découvre des descriptions magnifiques et affûtées. C’est votre marque de fabrique ?
Mon écriture est chirurgicale et la description est, pour moi, impérieuse. J’aime à camper des personnages très typés. Le physique est une forme de traduction de la personnalité et j’aime à faire découvrir ce qui est parfois masqué derrière la première idée que le lecteur peut s’en faire. Aiguiser les descriptions et les portraits me procure un grand plaisir et mon besoin d’écrire s’y ancre indubitablement.

À quelles émotions doit s’attendre le lecteur de Messes amères ?
C’est difficile pour l’auteur de préjuger du ressenti du lecteur mais j’espère qu’il tournera les pages avec avidité pour « savoir ». Pour connaître le fin mot de l’histoire et de l’enquête, bien sûr, mais également pour comprendre les raisons des cachotteries, percer les caractères pour identifier les âmes noires. Le commissaire et le juge d’instruction aideront le lecteur en ce sens. C’est un cheminement en plus d’être une enquête.

Peut-on juger votre livre à sa couverture ?
Le titre me plaît beaucoup et traduit assez bien l’ambiance du roman. L’atmosphère noire de ce polar dans le milieu religieux est résumé par Messes amères. Il se lit cependant à plusieurs niveaux. L’habit ne fait pas le moine…

Caprine Girboux dans Bonjour Wavre n°218 mai-juin 2022

« Messes amères » de Benoît Goffin est disponible en librairie et sur notre e-shop : 

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