Redécouvrir le loup : des portraits hauts en couleurs par Xavier Van der Stappen

Redécouvrir le loup : des portraits hauts en couleurs par Xavier Van der Stappen

Xavier Van der Stappen, l’on vous connaît pour divers ouvrages et reportages photographiques sur l’Afrique, dont « Éthiopie » et « Les Maasaï » (Renaissance du Livre, 2002, 2004) et « Passionnant Cameroun » (Weyrich, 2015). Pourquoi avoir choisi de vous consacrer à l’étude de l’animal fascinant qu’est le loup ?

Le loup est un animal fantastique, il intrigue autant qu’il attire. De retour dans nos contrées, il est urgent de dresser un portrait réaliste de cet animal unique afin de contredire les idées préconçues qui l’emprisonnent. Le loup n’attaque pas l’homme, le loup peut vivre sans s’en prendre aux troupeaux, le loup ne transmet plus la rage, il est un maillon important de notre faune et au sommet de la chaîne alimentaire. Il existe pour réguler les herbivores dont les populations augmentent.
Photographier les loups se résume à être présent de longues journées pour capter leurs attitudes, leur comportement, mais surtout les interactions auxquelles ils se livrent, car le loup est un animal de meute qui a développé un réel langage social comparable aux échanges que les hommes entretiennent entre eux. Photographier les loups, c’est être confronté à la puissance d’un carnassier qui évolue en groupe, à la tendresse d’un animal grégaire, mais aussi aux parfois violentes démonstrations de force qui établissent la hiérarchie au sein de la meute. Incroyablement silencieux, les loups apparaissent et disparaissent comme par enchantement. Leurs hurlements ont une puissance étonnante. 

Votre livre pose la question des possibilités de cohabitation dans les écosystèmes. Pour vous, nos régions sont-elles prêtes à accueillir de nouveau le loup ?

Le loup est une espèce protégée, il a autant sa place dans nos contrées qu’un autre animal. Vivre avec le loup, c’est accentuer la surveillance des animaux domestiques, mais c’est aussi accepter que l’homme ne soit pas Dieu et qu’il ne peut pas décider quelle espèce est utile ou non. La Belgique peut accueillir plusieurs meutes qui occuperont également des zones frontières, car le loup doit disposer d’un vaste territoire.
Accueillir le loup est une chose, mais l’activité humaine a décimé jusqu’à 80% des jeunes loups en dispersion. Parmi les difficultés d’un retour du loup figure le trafic routier qui a causé, par exemple, la mort de deux jeunes loups nés dernièrement en Belgique. Le braconnage a aussi un impact important. Il est pratiqué par des personnes voulant s’en prendre à un animal rare et emblématique, tout comme certains braconniers s’en prennent, en Afrique, aux derniers grands animaux de la savane que sont les éléphants ou les rhinocéros. Les amendes sont négligeables au regard du geste irrémédiable du braconnier.

Pourquoi le loup suscite-t-il des craintes ancestrales ? Sont-elles toujours d’actualité ? Comment ont-elles évolué par rapport à d’autres époques, comme le Moyen Âge ?

Malheureusement, la peur du loup mais surtout sa diabolisation ont fait d’incroyables ravages depuis le Moyen Âge. À l’époque, le loup était associé au Diable. Contaminé par la rage qu’il transmettait à l’homme, le loup avait mauvaise réputation. Heureusement, la rage a disparu depuis longtemps, mais les loups ont été totalement éradiqués au début du XXe siècle dans la plupart des pays européens…

Votre livre a été composé avec le concours de spécialistes, Anne Frézard, comportementaliste des loups et Jean-Loup Rousselot, anthropologue. Comment avez-vous conçu le travail scientifique de votre ouvrage ?

Au-delà de l’approche émotive qu’on peut avoir quand on côtoie les loups durant plus d’un an, il est important d’asseoir un discours mesuré et scientifique afin d’éviter les erreurs ou d’abonder dans les clichés réducteurs ou partisans. Il est donc primordial de solliciter des spécialistes pour que le discours soit vrai et fiable. Quoi de mieux que de s’entourer d’une comportementaliste des loups, qui les côtoie au quotidien, et d’un anthropologue de renom, qui a séjourné de très nombreuses années parmi les populations de chasseurs des pays du Grand Nord ?

Pour comprendre le loup, il faut remonter loin dans l’histoire. Sa domestication débute il y a 35 000 ans. Le loup était un maître pour le chasseur du Néolithique et fut respecté jusqu’à L’Antiquité. Au Moyen Âge, il est injustement diabolisé car, pour la religion, il incarne le Mal.
C’est un animal dont il faut décrire chaque partie de l’anatomie pour comprendre ce pour quoi il est fait. Il vit en meute, c’est un animal sociable disposant d’un vocabulaire fait de signes et de sons parfois inaudibles. Vivant sous toutes les latitudes, avec de nombreuses sous-espèces adaptées, dans le désert brulant ou les étendues glacées, dans les forêts et les steppes, il occupe donc une vaste zone avec des fortunes diverses en fonction de l’activité humaine qui menace son existence.
Vivre avec les loups sera un enjeu de ce siècle et l’ouvrage s’applique à décrire le présent et à entrevoir le futur de ce fantastique prédateur !

« Au loup ! Ami ou ennemi ? » de Xavier Van der Stappen est disponible en librairie et sur notre e-shop :

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