Pénétrez dans l’univers des passeurs d’âmes

Philippe Carrozza revient avec un troisième tome sur les rebouteux, faisant également la part belle aux passeurs d’âmes. Des témoignages troublants !

Ils n’ont pour ainsi dire plus de secrets pour lui. Philippe Carrozza est en quelque sorte devenu le spécialiste wallon des rebouteux. Notre collègue, journaliste à L’Avenir Luxembourg, revient avec un troisième tome faisant la part belle à ces « soulageurs ». Mais également aux « passeurs d’âmes. »

Après les saints et les médecines alternatives, l’auteur nous plonge dans ce monde énigmatique et pour le moins étonnant. « J‘ai rencontré des rebouteux qui m’ont dit qu‘ils étaient également passeurs d’âmes ou nettoyeurs de maison, raconte Philippe Carrozza. Je me suis dit qu‘il y avait là quelque chose à explorer.  »

Libérer les âmes

Intrigué, il a creusé, mené l’enquête. Une quinzaine de « passeurs d’âmes » témoigne dans l’ouvrage. « Ils font passer les âmes vers la lumière, il les libère », explique l’auteur. D’autres se disent médium et font passer des messages de ce qu’ils appellent des entités ou des êtres de lumière. Autrement dit, des défunts. «Il y a deux catégories, les clairvoyants, qui voient l’entité, et les clairaudients, qui entendent l’entité », poursuit Philippe Carrozza. L’ouvrage plonge le lecteur dans un monde paranormal, assez troublant.

Pas de prise de position

Le journaliste ne prend pas position. Il laisse les passeurs d’âmes s’exprimer, se confier, raconter. Des témoignages passés au crible d’un psychiatre, d’une infirmière psychothérapeute et d’un neurologue. Philippe Carrozza a également interrogé le monde de la religion. Que pensent un chrétien, un israélite et un Tibétain de ce monde paranormal ? Parler aux défunts… le père Tommy Scholtès, porte-parole de la Conférence francophone des évêques de Belgique, n’y croit par exemple pas du tout.

Et Philippe Carrozza y croit-il ? « Je ne suis pas là pour écrire un plaidoyer ouquisitoire. J‘enregistre les faits, ce n’est pas que j‘y crois ou pas, mais je ne comprends pas, répond-il. J‘espérais avoir un éclairage avec les différentes religions, mais elles ne sont pas d’accord entre elles. Je reste sur ma faim. Je ne ferme aucune porte, je reste prudent. »

À chaque lecteur finalement de se forger sa propre opinion.

Jean-Michel Toussaint
« Je pouvais prédire le moment du décès de telle personne »

Parmi les multiples témoignages présents dans l’ouvrage, celui de Jean-Michel Toussaint, rebouteux et passeur d’âmes. « Je pouvais prédire le moment du décès de telle ou telle personne que je rencontrais », confie-t-il à Philippe Carrozza. Un don qui a fini par s’estomper. « J’ai demandé là au-dessus que cela cesse, explique-t-il en pointant l’index vers le ciel, ou que cela s’atténue parce que j’ai mal vécu tout cela. » Les gens commençaient à l’éviter, le craignant. Pas très gai en effet de se voir annoncer le moment où on va mourir.

A-t-il sauvé des personnes d’une mort imminente, en la prévenant ? « Non. On ne peut pas changer le cours des choses. Je savais que la personne mourrait, mais je ne savais pas comment », répond-il au journaliste. Jean-Michel Toussaint confie dans le livre être très souvent sollicité, quasi chaque jour, pour faire passer une âme. « Il me suffit de prononcer une prière à l’archange Michel », déclare-t- il. Mais parfois, c’est plus compliqué, comme dans cette maison construite sur une ancienne bergerie. Il s’est avéré qu’une jeune femme avait été violée et tuée là. « Soit une entité est en souffrance et attend de la compassion des humains pour la faire monter, soit il s’agit d’âmes qui sont là pour faire passer des messages, soit – et ce sont les plus mauvaises – elles veulent se venger de quelque chose. »

Vingt nouveaux rebouteux

Vingt rebouteux témoignent dans ce nouvel ouvrage. Des « soulageurs » comme l’aime les appeler Philippe Carrozza. « Et non des guérisseurs », souligne- t-il. Ils apaisent les douleurs et n’interfèrent pas sur un traitement médical. Ils agissent gratuitement, avec bienveillance et en toute humilité. Difficile de les trouver ? « Il y en a partout, répond Philippe Carrozza. J’ai découvert qu’il y a des barreurs de feu dans tous les villages ou presque. Ce sont des personnes très discrètes, que je rencontre grâce au bouche-à-oreille, aux conférences auxquelles je participe… »

La demande était là. Nombre de lecteurs tiennent en effet un carnet d’adresses, compilant les numéros de téléphone, pour savoir qui appeler pour soulager tels ou tels maux. Si dans le temps, on faisait appel en toute discrétion à un rebouteux, aujourd’hui on en parle bien plus ouvertement. « Bien que certains et certaines sont encore appelés le sorcier ou la sorcière du village », rapporte le journaliste.

À nouveau, Philippe Carrozza a confronté ce phénomène au regard scientifique du monde médical. Le Dr Forget, oncologue à Libramont, reconnaît ainsi une certaine efficacité chez certains de ses patients, pour soulager les douleurs dues aux chimios. « La puissance de l’effet placebo et de la bienveillance  », selon lui.

Lydie Picard pour L’Avenir Luxembourg, 3/12/22

« Passeurs d’âmes et rebouteux » de Philippe Carrozza
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