Paul-Henry Gendebien, réunioniste de raison(s)
En mémorialiste, il pose un regard aiguisé sur la Belgique de 1970 à nos jours.
Après la saga de sa famille, Paul-Henry Gendebien a aussi confié ses souvenirs politico-sociétaux à l’éditeur chestrolais Weyrich, l’étoile montante du livre francophone belge.
Une immersion passionnante dans l’histoire politique nationale récente, sur fond de querelles communautaires récurrentes, qui émane d’un militant wallon “pur jus” qui se mua face à la pression de l’évolution (con)fédéraliste flamande … en défenseur d’un rattachement de la Belgique à la France. Et qui n’a plus d’illusions sur la suite du processus de fédéralisation actuelle, qu’il considère plus comme une dissociation que comme un jalon vers une Belgique réconciliée. On est là aux antipodes de l’apaisement vanté par des leaders politiques du Sud qui, selon lui, veillent à préserver leurs positions actuelles dans un environnement tristement clientéliste sans jamais prendre à bras-le-corps la crise wallonne.
Tel quel dans ses Mémoires
Ceux qui ont connu l’évolution politique de celui qui présida le Rassemblement wallon et qui devint un actif député national, régional et européen de 1971 à 1988, souvent très indépendant, avant de s’allier provisoirement au PSC et de devenir ensuite délégué général de la Communauté française à Paris puis ardent zélateur d’un rapprochement de la Wallonie (et de Bruxelles) avec la France le retrouveront tel quel dans ses Mémoires!
À l’instar d’un Lucien Outers au FDF dont il fut un compagnon de combat, cet héritier de dynasties politiques réputées – Gendebien et Carton de Wiart – ne s’est jamais plié aux règles de la particratie belgo-belge. Il garda sa liberté de parole et alla jusqu’à refuser une distinction royale civile qu’il méritait pourtant pleinement pour ses activités!
« Exilé » à Paris
Donc son “séjour dans la fosse aux lions de la politique belge” ne fit nulle concession aux compromis basculant souvent en compromissions. Paul-Henry Gendebien a donc voulu échapper au régime des partis. Nommé à Paris à l’instigation de Gérard Deprez, non pour le récompenser mais pour l’écarter de la scène belge à la demande de l’aile ultra-belgicaine du PSC, il transforma ce qui pouvait être son exil à Sainte-Hélène en sacrée vitrine de la francophonie belge, voire internationale, qu’il développa avec Roger Dehaybe. Et s’y constitua un carnet d’adresses francophiles de haut vol. Contrairement à François Perin, Jean Gol et Étienne Knoops, ses compagnons originels du RW, il repoussa les avances des sociaux-chrétiens comme des libéraux. Deux fois même pour ces derniers, puisque, après son mandat parisien, Louis Mi chel l’eût volontiers intégré.
Gendebien résista et, par-delà sa perspicace analyse politique qui l’amena notamment à être très… écologiste dès 1974, nous livre des portraits savoureusement bien torchés, l’ironie en sus, de ses compagnons amis/ennemis de la rue de la Loi.
Christian Laporte pour La Libre, 25/10/21
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