Nouvelle enquête à Binche pour Francis Groff
Binche est le décor choisi par l’auteur pour y ancrer son troisième roman policier, Orange sanguine. Francis Groff, qu’est-ce qui a motivé le choix de cette ville ?
Comme Stanislas Barberian, mon personnage central, je suis très sensible à la musique de gilles. Dès que j’entends les « ra-fla-fla » caractéristiques des tamboureurs, j’entre littéralement en transe et je ne peux pas m’empêcher de danser sur place. J’adore cela et, professionnellement, j’ai donc couvert le carnaval de Binche chaque fois que j’ai pu, tant en presse écrite qu’en télévision.
DansOrange sanguine, on retrouve un Stanislas Barberian toujours aussi curieux d’intrigues policières, mais aussi féru de patrimoine. Binche a dû faire son bonheur, n’est-ce pas ?
Au-delà du folklore carnavalesque, Binche est une belle ville au caractère médiéval qui gagne à être connue pour ses promenades, ses monuments et ses musées. L’alliance entre la culture, le folklore et le patrimoine constituait donc un terreau particulièrement intéressant pour y situer une enquête de Stanislas. Il ne s’agit nullement d’un guide touristique de Binche, mais les lecteurs – qu’ils soient Binchous ou pas – y trouveront des idées de (re)découvertes intéressantes. Les Éditions Weyrich sont particulièrement attentives à cette forme d’ancrage régional que l’on trouve dans les livres de la collection de polars Noir Corbeau.
Pour écrire votre nouveau roman, vous avez certainement dû vous documenter sur le folklore binchois. Les gilles et leurs sociétés ont la réputation d’être rigoureux voire pointilleux sur leurs organisations, leurs costumes, leurs histoires… Vous l’avez constaté ?
L’idée de situer une enquête à Binche en plein carnaval est née lors d’un repas avec un ami qui a d’ailleurs inspiré un des protagonistes de l’intrigue. Dans la « vraie vie », celui-ci est à la fois policier et gille. Lorsqu’en dégustant l’entrée, j’ai évoqué l’éventualité d’assassiner un gille et de plonger Stanislas Barberian dans le milieu carnavalesque, il est resté la fourchette en l’air et a crié au crime de lèse-majesté ! Non seulement c’était impensable à ses yeux, mais j’allais m’attaquer à un sacré morceau. Au plat, j’ai développé ma scène de crime dans le détail et il s’est montré plus intéressé. Au pousse-café, Ie vent avait tourné et il me donnait ses premiers conseils concernant le respect des règles très sévères en vigueur dans l’univers du carnaval et des gilles…
Par la suite, nous nous sommes revus à plusieurs reprises. Nous avons arpenté les rues de la cité, découvert les endroits les plus emblématiques et les coins les plus discrets. Il m’a présenté à des gilles, des artisans locaux, un louageur (loueur de costume), un fabricant de masques, des commerçants, … Bref, tout un monde de passionnés qui défendent leur culture et leurs traditions avec une motivation inaltérable.
Après ces repérages, je suis revenu seul, j’ai compulsé des ouvrages historiques, j’ai pris des photos, j’ai refait le tour des endroits qui m’inspiraient. Et lorsque l’histoire a enfin été écrite, j’ai demandé qu’elle soit relue minutieusement pour éviter toute erreur relative au folklore. Malgré le soin que j’avais mis lors de la rédaction, il restait l’un ou l’autre détail qui a été corrigé sans la moindre complaisance. Je croise les doigts (rire) !
Le récit de votre roman est-il inspiré de faits réels ?
Depuis que je me suis lancé dans l’écriture des enquêtes de Stanislas Barberian, j’ai choisi une « marque de fabrique » à laquelle je ne déroge pas : tous mes récits sont des fictions ancrées dans la réalité. En clair, si les meurtres eux-mêmes relèvent de ma seule imagination, les éléments qui nourrissent l’intrigue, les personnages, les anecdotes, etc., sont inspirés du réel. Au cours de ma carrière, j’ai rencontré beaucoup de personnages peu banals, vécu des aventures passionnantes, des plongées dans des milieux interlopes et couvert quelques grosses affaires criminelles. Tout, ici, est inspiré de ce que j’ai vécu. En l’occurrence – et même si les faits sont modifiés –, il est notamment fait référence à l’assassinat d’un de mes jeunes confrères à la fin des années quatre-vingt. C’était un « gamin » qui vivait passionnément sa future profession de journaliste et, comme d’autres, je l’avais un peu entouré. Des liens s’étaient créés entre nous et lorsqu’il a disparu, j’ai mené de longues investigations en Belgique, en Grèce, en France et en Italie pour tenter d’éclaircir l’affaire. Parfois avec quelques risques puisque j’ai été menacé et même agressé. Mais je n’ai jamais lâché. Un certain nombre d’informations que j’ai recueillies et diffusées ont obligé les autorités à continuer des investigations qui étaient au point mort. Sans jouer les prétentieux, je crois que cette longue enquête a largement contribué à faire éclater la vérité et à faire condamner les protagonistes de ce sinistre dossier.
Dans ce troisième volume, Stanislas Barberian est sévèrement bousculé. On le découvre costaud. Il sait prendre les coups ! Mais après cette aventure, va-t-il devenir plus prudent et faire une pause ?
Il sait prendre des coups, mais il sait aussi en donner ! L’idée de mettre pour la première fois Stanislas en danger est venue d’un auteur belge et critique bien connu, Philippe Remy-Wilkin, qui m’a suggéré de le faire pour donner davantage d’épaisseur au personnage. Son conseil était bon.
Cela étant, il est exact que notre ami Stanislas aura bien besoin de quelques mois pour se remettre de ses émotions car il a eu chaud. Moi aussi ! (rires). Je pense donc qu’il faudra attendre l’année prochaine pour le retrouver au cœur d’une nouvelle intrigue.
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