« Morts sur la Sambre », Francis Groff nous présente Stanislas, son délicieux enquêteur inattendu

Polar à l’ancienne ancré (encré ?) dans le Pays Noir, « Morts sur la Sambre » est le dernier opus du grand auteur belge Francis Groff

« Comme toujours à cette heure matinale, les abords de l’écluse de Landelies étaient déserts. Dans leur haute maison dont deux fenêtres laissaient passer une lumière jaunâtre, chaudement tamisée par des filets de brume, l’éclusier et sa famille terminaient probablement leur petit déjeuner, mais nul bruit ne filtrait au-dehors »

Un excellent polar à l’ancienne

Le décor est planté. Petit matin glacé, le long d’un chemin de halage, un homme se prépare à faire son jogging. Ce ne fut pas sa meilleure idée puisque le voilà noyé dans les eaux glauques et terriblement froides. Accident dit-on…

Quelques jours plus tard, un sympathique bibliophile/bouquiniste accompagne un de ses acheteurs, procureur du roi de Charleroi, lors d’une promenade digestive suivant les mêmes rives. Et Stanislas, les yeux toujours en éveil (le métier sans doute) repère ce qu’il n’aurait pas dû …. Un indice … un couteau de plongée ! Le noyé, un juge d’instruction ne jouissant pas d’une excellente réputation, n’est plus tombé fortuitement dans les flots, mais a été victime d’un meurtre ? d’un assassinat ?

Le procureur Lambermont, emmêlé dans les impératifs de sa fonction, le peu de motivation de ses policiers, les gesticulations d’une hiérarchie échaudée par les diverses affaires qui ont secoué les rouages de la justice belge, va maintenir le bouquiniste à portée de voix et de téléphone pour le seconder dans cette épineuse énigme. Ce qui ne sera pas au goût de tout le monde, bien entendu, sauf peut-être de la délicieuse compagne de Stanislas, qui habite Bruxelles, et pourra dès lors garder son belgo-parisien près d’elle un peu plus que de coutume.

Enquêteur improbable mais à l’esprit affuté, et dont le caractère doux et empathique vient à bout de bien des réticents, Stanislas Barberian se fraye doucement un chemin vers la solution de l’énigme ….

Qui était donc le juge d’instruction Jean-Régis de Chassart ? Au fil des pages, on découvre un sex addict, fréquentant les escort girls dans un club tenu par des truands notoires, on fait la connaissance d’une veuve éplorée, d’une ex-femme blessée, et on plonge droit dans la pelote d’une intrigue bien emmêlée.

« Morts sur la Sambre » n’est pas un thriller, mais un excellent polar à l’ancienne. Avec des descriptions efficaces de la Sambre, et des personnages dépeints au plus juste, l’histoire se déroule sous nos yeux et on se laisse emmener facilement par l’intrigue. On pénètre facilement la psychologie des personnages, aucun ne laisse indifférent. On peste avec Stanislas qui sert d’éclaireur, de paratonnerre, d’auxiliaire de police, de confident au besoin …

Quel homme, ce Barberian ! A peine la dernière page tournée, on se réjouit déjà de le retrouver.

Francis Groff développe son intrigue de façon presqu’académique, pas de fantaisie, c’est net, carré, l’intrigue se complète au fil des pages comme des briques Lego qui s’agencent en une construction sans faux pas. La fantaisie, on la trouve dans un style alerte, brillant, dans les péripéties de son héros que les personnages secondaires de l’intrigue transforment de temps à autre en balle de ping-pong. Que diable, notre homme n’est pas un policier professionnel, et il n’a rien à faire dans cette enquête, enfin en théorie, juste en théorie … Je n’avais pas lu trois pages que je souriais déjà !

Les peintures des abords de la Sambre m’ont donné envie de découvrir ces paysages en vrai ! Et puis surtout cette péniche-chapelle, la « Spes Nostra », dont j’ignorais l’existence jusqu’à cette lecture.

Je ne peux donc que vous recommander chaudement ce roman, et de mon côté, je m’en vais retrouver les aventures suivantes du sieur Barberian, pour vous en faire part bien sûr.

Monsieur Stanislas Barberian, qui êtes-vous donc ?

Avant de lire le premier opus de Francis Groff, celui-ci m’a présenté Stanislas. Il a eu l’amabilité de me parler un peu de sa vie d’avant sa première enquête, et je vais vous révéler quelques unes de ses confidences.

Il est né à Charleroi, d’une mère française et d’un père belge. Après de brillantes études de lettres à l’Université de Liège, il part travailler à Paris, dans la librairie de son oncle. Le succès est au rendez-vous, et il est bientôt à la tête de sa propre librairie, sa « malle aux Livres », où il vend et achète de précieuses éditions, et des « vieux papiers ».

Afin d’alimenter son commerce, Stanislas voyage beaucoup et c’est lors d’un de ses déplacements qu’il tombe amoureux de Martine, qui gère, elle, une bouquinerie à Bruxelles (Le Lutrin).

Epicurien jusqu’au bout des ongles, il ne boude jamais un bon repas, une bière trappiste, ou un whisky irlandais. Son sens de l’observation l’a amené à trouver la solution de l’énigme carolorégienne, et il m’a glissé à l’oreille que son sens de l’humour est diversement apprécié par les pandores.

Avant que nous nous quittions, il m’a glissé le récit de ses autres aventures, que je ne manquerai pas de vous présenter.

Francis Groff, l’auteur

Francis Groff est journaliste, réalisateur de documentaires pour la télévision, scénariste et romancier. Au cours de sa carrière, il a exercé en presse écrite (quotidiens et hebdomadaires), en radio et en télévision.

Au cours de sa carrière, il a exercé en presse écrite (quotidiens et hebdomadaires), en radio et en télévision. En 2018, il s’est lancé dans l’écriture de romans et de nouvelles. Auparavant, il a écrit une quinzaine de livres à caractère journalistique ou historique sur des thèmes aussi divers que le monde de la mine et les Gueules noires en Belgique, Albert Frère, l’histoire de la RTBF, celle de Caterpillar Belgium, les bières trappistes, l’exploitation du manganèse en Afrique centrale, les chansonniers de rue, etc.

En 1993, il délaisse provisoirement la carrière journalistique pour travailler pendant 6 ans en tant qu’Ombudsman de la Ville de Charleroi. Durant deux mandats de trois ans, il instruira près de 3000 dossiers relatifs à des plaintes concernant les services communaux, les hôpitaux, les services de police, le CPAS, les services d’urgence, la télédistribution, la distribution de l’eau, les transports en commun, etc. Une expérience qui a sans doute aiguisé son sens de l’empathie, qui est si sensible dans son écriture.

Depuis 2018, il se consacre à l’écriture de romans et de nouvelles.

La collection « Noir Corbeau » des éditions Weyrich

Stanislas Barberian est l’un des héros dont les aventures paraissent dans l’excellente collection de romans policiers « Noir Corbeau » aux Editions Weyrich. Une collection de récits écrits par des Belges, pour des Belges. En espérant quand même que notre quotidien, nos villes et villages, nos paysages et nos réalités intéresseront d’autres lecteurs en dehors de nos frontières !

Photo d’en-tête : © Ben Berthaut

Francine Charles, pour Culturius magazine, 1/09/23

« Morts sur la Sambre » de Francis Groff est disponible en librairie et sur notre e-shop :

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