Malagne la Gallo-Romaine, un site d’exception entre recherche, pédagogie et expérimentations

Le site gallo-romain de Malagne fête cet été les 25 ans de sa mise en valeur. Divers événements auront lieu dans ce cadre verdoyant durant tout l’été et un beau livre raconte l’histoire de cette importante villa de la Famenne.

Fouillé fin du 19ème siècle, puis fin du 20ème, le site de Malagne, propriété pour partie de la Ville de Rochefort et de la Région wallonne, constitue le plus important domaine gallo-romain de Famenne tandis que d’autres traces d’habitat ont été mises au jour dans cette même région. En cette année du 25ème anniversaire de sa mise en valeur, « Malagne la Gallo-Romaine » se décrit dans un beau livre tandis que de nombreux événements vont parsemer son été, avec trois fils conducteurs : le patrimoine, la nature et la culture. Pour les touristes du cru ou de passage, Malagne vaut le détour pour son aspect paisible, pour la beauté de ce site de 14 hectares, pour le partage des connaissances et la pédagogie qu’il dégage en lien avec le passé gallo-romain.

Premières fouilles en 1891

La Malagne a donc été fouillée par Alfred Mahieu et Jean-Jacques Godelaine de la Société archéologique de Namur, vers 1891-92. Ils ont laissé des relevés et des descriptions très précis des bâtiments qu’ils avaient mis au jour, dont le vaste corps de logis, les thermes et les bâtiments annexes. En 1992, la Région wallonne entame une nouvelle campagne menée par l’archéologue Philippe Mignot, afin de dresser la succession des phases de construction des bâtiments répartis d’une part en habitation des propriétaires et d’autre part, à l’exploitation agricole et artisanale. Il ne reste aujourd’hui que des bases de murs, qui permettent de comprendre ce qu’il y avait là durant plus de 200 ans, jusqu’à la destruction suite à un incendie du domaine au milieu du 3ème siècle après J.-C. Mais ce n’est qu’au Vème siècle que le site fut totalement délaissé.

Longue de 100 mètres et large de 20 mètres, la domus ou maison principale présente des salles de réception, des cuisines, des appartements privés, un laraire, des thermes, une cour, des latrines. Le livre édité par Weyrich présente des reconstitutions en 3D de ce que fut vraisemblablement le domaine.

Un centre d’interprétation de la vie gallo-romaine

Depuis 25 ans, une ASBL composée de 24 personnes et d’autant de bénévoles travaille à faire revivre l’archéoparc de Malagne, avec ses animaux, ses jardins de plantes médicinales, ses cultures céréalières, ses potagers inspirés de l’Antiquité. Malagne est un centre de recherche en archéologie expérimentale et un centre d’interprétation de la vie rurale gallo-romaine. Les chercheurs ont par exemple reconstruit la vallus, la moissonneuse des Trévires dont parlait Pline et qui a été découverte sur un bas-relief à Montauban (Buzenol), en Gaume, et l’ont testée pour la moisson avec l’aide d’un âne. Une expérience qui va bien au-delà du folklore mais qui permet de mieux comprendre les activités agricoles des Gallo-Romains. Idem au jardin où les habitants des lieux pratiquaient déjà le paillage ou les associations de plantes et de légumes.

Un site vivant et actif

Divers bâtiments ont été reconstruits, comme la grange qui protège le bétail en hiver et accueille les hirondelles au printemps, le tout dans l’esprit de l’époque, et une boulangerie et une brasserie fonctionnent avec du matériel assez rudimentaire. Une touraille a même été construite pour pouvoir assurer le maltage de l’orge. Les brassins de 25 litres sont on ne peut plus artisanaux, avec chaudron de cuisson au bois, fourquet et tonneau de bois pour la fermentation. La cervoise du 21ème siècle conçue avec ou sans houblon, mais avec des plantes aromatiques et des céréales anciennes, est gustativement intéressante même si sa pétillance est faible. Le site vit donc au fil des mois entre passé et présent.

« Malagne la Gallo-Romaine », écrit à trois mains par la directrice Françoise Fontaine, aidée par Janine Decant et Anne Boland, raconte cette aventure de la création du domaine, en faisant entrer le lecteur dans le site par le biais des aventures du rêve de Marcus, un personnage fictif pour une histoire en chassé-croisé entre hier et aujourd’hui. Puis l’ouvrage s’attache à resituer plus scientifiquement le site, via les axes « protection », puisque Malagne est un site classé, « ressourcement » avec une nature préservée sur 14 hectares, « inspiration », avec un volet plus artistique, et « transmission », pour comprendre comment vivre dans la peau d’un Gallo-Romain. Un livre très illustré pour dire le site.

Malagne la Gallo-Romaine, 176 pages, un ouvrage collectif édité par Weyrich. 29 euros.

Un « kid’s day », 3ème rendez-vous gallo-romain de l’été

Le 18 juillet, de 11 à 18h, Malagne organise un événement destiné aux enfants, en partenariat avec le Festival International du Rire de Rochefort. L’univers du divertissement sera mis en lumière, de quoi créer des ponts entre le monde d’hier et le monde d’aujourd’hui.

Petits et grands pourront s’émerveiller devant trois artistes en plongeant dans leurs univers fantastiques. Prêts à embarquer avec Rudy Goddin pour le voyage du Kawa, mêlant le conte, les marionnettes, et les musiques du monde ? Laissez-vous transporter par l’histoire merveilleuse et mystérieuse de la boisson la plus consommée dans le monde après l’eau : le café.

Grâce à leur nouveau spectacle « Le pantalon de papy », Quentin Vana et sa partenaire Caroline Bronquart emmèneront dans une quête chevaleresque et fantastique.

Oserez-vous entrer dans l’école des petits légionnaires ? Parviendrez-vous à atteindre le cœur de la cible grâce à votre arc à flèches ? Venez découvrir les jeux auxquels jouaient les gallo-romains et rencontrer les nombreux habitants à poils et à plumes du domaine. Autant d’animations qui vous plongeront 2000 ans en arrière, à l’époque gallo-romaine.

Mais il y aura bien d’autres rendez-vous de l’été : le 11 juillet, l’artisanat de 14h à 18h, le 21 juillet, faune et flore de 14h à 18h, le 25 juillet, gladiateurs et combattants, le 1er août, l’âge de la bière, le 8 août, l’artisanat, le 15 août, la fête des jardins, le 22 août, faune et flore et le 29 août, gladiateurs et combattants. Plus d’informations sur www.malagne.be

Un été gallo-romain également à Mageroy en Gaume

Par ailleurs, cet été à Habay-la-Vieille, découvrez l’histoire la villa gallo-romaine de Mageroy avec un guide passionné. En juillet et août, l’ASBL Arc-Hab propose en effet des visites de la villa. Ce lieu tout aussi historique que Malagne est situé dans un cadre naturel entre Lorraine et Ardenne. De plus, les fouilles archéologiques en cours depuis 1986, s’y déroulent encore chaque année. Mageroy est donc un site vivant et unique à ce niveau.

Tout au long de la visite, le guide invite les participants à plonger au temps des Gallo-Romains. Au travers des vestiges et d’objets découverts, ils exploreront peu à peu la vie quotidienne des habitants d’un vaste domaine agricole, entre le Ier et le IVème siècle après J.-C. Au sein d’un pavillon d’exposition, ils pourront observer des reconstitutions de la villa (maquettes et dessins) ainsi que quelques objets mis au jour lors des fouilles archéologiques.

Rendez-vous à 14h30 sur le site de la villa de Mageroy, pour 1h30 de visite guidée, les jeudis 15 et 29 juillet, 12 et 26 août, les dimanches 11 et 25 juillet, 8 et 22 août. Il est également possible de visiter librement et gratuitement le site archéologique de la villa de Mageroy, en extérieur.

Réservation obligatoire via villa.mageroy@gmail.com Contact au 063/75 85 44 et www.villamageroy.com et www.facebook.com/villa.mageroy.habay/

Jean-Luc Bodeux, pour Le Soir, 6/7/21

« Malagne, la Gallo-Romaine »  de l’Archéoparc est disponible en librairie et sur notre e-shop : 

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