Les impressions de Philippe Remy-Wilkin : Retour à Anvie

Une rentrée littéraire partagée m’a donné envie (!) d’en savoir plus sur mon collègue, un journaliste du Soir qui publie ici son premier roman. Malgré une réticence de départ : situer l’aventure en France, dans une cité qui n’existe pas, me semble d’un autre temps, quand on n’assumait pas notre belgité. Et surtout chez Weyrich, qui s’échine à faire découvrir nos décors !

Le départ du roman policier semble très classique… à première vue. Un prologue en forme de micro-thriller avec la future victime qui attend un mystérieux visiteur, la violence qui déferle, la mort… Une enquête qui démarre avec l’irruption d’un policier venu d’ailleurs, parachuté, comme dans ces towns de westerns où un marshal débarque au milieu du chaos, se heurte au shérif local acquis à un ranchero puissant, un réseau d’intérêts et connivences…

Pourtant, dès les premières pages, les premières lignes, les premiers mots, le ton détonne. La narration a beau être fluide et agréable, le texte est très écrit, sinon précieux :

« Sa main caressa la forme oblongue (…) La pluie griffait la vitre. (…) Son esprit remontait le fleuve du temps où les souvenirs affleurent parfois de leurs arêtes tranchantes. (…) Il planta son regard dans la nuit, cerf-volant sous les vents des tourments. (…) tout son corps refusait la conversation. »

L’intrigue s’écarte rapidement de la tension et de la nervosité du thriller, l’action cède la place au suspense, à la récolte des indices mais surtout au déploiement d’une mélancolie tragique, d’une émotion. Le lecteur s’attache au policier évidé par la disparition de son épouse, à sa difficulté à tenir debout et à servir un idéal de justice. Il y a beaucoup de poésie et de philosophie dans ce roman policier qui transcende le genre et se donne les moyens d’afficher un relief, une personnalité.

Philippe Remy-Wilkin pour le blog Les belles phrases.

« Retour à Anvie » de Pascal Lorent est disponible en librairie et sur notre e-shop :

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