L’Envol de l’amazone

Quels liens peut-il y avoir entre des jumeaux sur la piste d’un père inconnu, une Ukrainienne brillante et téméraire prête à tout pour atteindre son objectif, un capitaine d’industrie inflexible et tyrannique, un trio de mineurs indonésiens pris au piège de la mondialisation et les membres d’un gang de yakusas… avec, pour décor principal, un ciel rembruni qui s’étire de l’Ukraine vers notre belgitude ? Seul Jean-Sébastien Poncelet pouvait tisser une toile serrée entre tous ces éléments, et bien d’autres encore, en un thriller haletant.

Nous colportant d’épisode en épisode, d’une époque à l’autre, brisant la chronologie, jonglant avec les flash-back, l’auteur nous prend par la main… à moins qu’il ne nous pousse dans une mauvaise direction ? Et l’on se retrouve rivé à la narration avec addiction. Jean-Sébastien Poncelet nous emporte avec habilité, ne laissant rien transparaître de la suite du parcours. À chaque séquence, un chapitre ; à chaque chapitre une brique apportée à l’édifice. Petit à petit se dessine un scénario ; mais les apparences sont trompeuses. Que connaît-on vraiment des protagonistes ? Que laissent-ils connaître d’eux-mêmes ? Rebonds et rebondissements rythment le récit… pour nous égarer ? ou au contraire pour mieux cerner la complexité des différentes facettes des personnages ? Sur une Juxtaposition de différentes époques, de différents lieux ; sur un kaléidoscope de faux semblants, de jeux de dupes et de manipulations… on finit par se demander si le salaud est vraiment celui ou celle qu’on croyait ; si la victime ne le serait pas de son propre piège…

L'Envol de l'amazoneVoilà un agencement intelligent reposant sur un savant équilibre et qui nous tient en haleine. On avance dans la lecture en rougissant des préjugés où nous avaient conduits les séquences précédentes. Le rythme, l’écriture, le ton sont naturels. Pas d’effet de manche, pas d’artifice. Juste le nécessaire, d’une bluffante efficacité.
« L’envol de l’amazone », c’est le récit non linéaire de la descente en abîme ou de la résilience de personnages tantôt attachants, tantôt révoltants, toujours étonnants.

L’envol de l’amazone, Jean-Sébastien Poncelet, collection « Plumes du coq », 445 pages, aux éditions Weyrich.

https://www.weyrich-edition.be/envol-de-l-amazone-poncelet

Baudouin Delaite

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