Le retour de Stanislas Barberian

Interview exclusive avec Francis Groff

Francis Groff, quelle idée a fait naître en vous ce cinquième roman ? Pourquoi à Liège ?

Pour être franc, cela fait un certain temps déjà que je pensais envoyer mon personnage fétiche, Stanislas Barberian, dans la Cité ardente. C’était juste après Vade retro, Félicien, le deuxième tome de la saga. Et puis, le hasard des retrouvailles avec un ami Gille depuis plus de quarante ans m’a plongé dans l’univers du carnaval de Binche et j’ai écrit Orange sanguine. Ensuite, c’est une question de date qui m’a poussé à me lancer dans l’écriture de Waterloo, mortelle plaine : je voulais qu’il paraisse le 5 mai 2021, soit deux cents ans pile-poil après le décès de Napoléon Bonaparte.

En ce qui concerne l’idée de base de cette aventure liégeoise, elle s’articule autour de deux fils rouges qui sont l’Urbex – comprenez l’exploration urbaine – et l’histoire de la guillotine dont il existe encore un exemplaire au Musée de la Vie wallonne de Liège.

Comment se déroule votre processus de création ? En amont de l’écriture, faites-vous un travail de recherche ? En quoi consiste-t-il ?

J’ai exercé la profession de journaliste pendant quatre décennies et je mets un point d’honneur à ancrer mes récits dans la réalité. On ne se refait pas ! Pour ce faire, je commence par fouiner dans la littérature régionale et sur internet pour sélectionner quelques sujets intéressants, puis je pars en repérage in situ. Au fil des jours et, parfois, des semaines, je vais à la rencontre de « personnes-ressources » : journalistes, policiers, historiens locaux, magistrats, artisans, entrepreneurs, archivistes, universitaires, secouristes, etc. Ces entretiens me permettent ensuite de présenter aux lecteurs des lieux insolites, des personnages hauts en couleurs, des dossiers judiciaires non clôturés et des anecdotes qui constituent le ciment de mes récits. C’est une démarche qui plaît beaucoup aux lecteurs, qu’ils soient ou non de la région concernée.

C’est déjà votre cinquième roman dans la collection Noir corbeau. Que représente cette expérience pour vous ? Comment la vivez-vous ?

Arrivé au cinquième tome, on ne peut plus véritablement parler d’expérience, mais plutôt du plaisir renouvelé de plonger Stanislas dans de nouvelles aventures. C’est un sacré challenge, car il faut construire chaque enquête au millimètre en prenant soin d’élaborer une énigme solide et crédible. Il faut aussi tenter d’orienter le lecteur – c’est évidemment le but – vers des chemins de traverses en forme d’impasse en attendant la révélation finale. Et tout cela en évitant les invraisemblances qui entachent trop souvent les séries télévisées policières, pour ne parler que d’elles. Dans le cas de mon personnage, la chose est d’autant plus délicate que Stanislas est un « civil » qui ne dispose d’aucun pouvoir d’enquêteur. Ce qui m’oblige à trouver des astuces pour que ses investigations tiennent la route sans verser dans le non crédible.

Parlez-nous de Stanislas Barberian, votre personnage principal. Qui est-il pour vous ?

Vidons d’abord la deuxième question si vous le voulez bien. En ce qui concerne l’amour de la bonne chère et de certains divins breuvages, celui des livres, des vieux papiers et un sens de l’observation plutôt acéré, c’est un peu moi, je l’avoue. Malheureusement, la comparaison s’arrête là car j’ai quelques années de plus au compteur que Stan. Mais, d’une certaine façon, le fréquenter me rajeunit !

En ce qui concerne le personnage lui-même, on peut dire de lui qu’il a un peu plus de quarante ans et qu’il est né à Charleroi, d’un père belge et d’une mère française. Après des études de Lettres à l’Université de Liège ­– une ville où il a appris à connaître Georges Simenon – et une spécialisation en littérature médiévale, Stanislas est parti travailler à Paris comme libraire. Il s’est installé à son compte dans une ancienne quincaillerie de Montparnasse et, au fil des années, sa Malle aux livres s’est taillé une jolie réputation dans le monde des ouvrages rares et des vieux papiers de collection. Pour alimenter son commerce, Stanislas parcourt Paris, la France et la Belgique à longueur d’années, à la recherche de collectionneurs désireux de vendre ou d’acheter des pièces de valeur. Il aménage ses déplacements pour rejoindre sa fiancée Martine à Bruxelles deux à trois fins de semaine par mois.

Lorsqu’il sillonne les villes de Belgique pour son travail, Barberian a le chic pour se retrouver impliqué de près ou de loin dans des affaires criminelles peu ordinaires. Et il n’a pas son pareil pour démêler les fils d’une enquête difficile lorsque la police officielle patauge. Cela ne plaît pas toujours et, si vous ajoutez à cela un humour souvent caustique, vous comprendrez que ses rapports avec les flics virent souvent au conflit.

Que voudriez-vous dire à tous les lecteurs qui ne vous connaissent pas encore ?

Peut-être aurais-je envie de leur dire que mon but en écrivant ces romans policiers est tout simplement de les divertir en leur proposant des énigmes à rebondissements. Et, je l’espère, une écriture de qualité. Le tout en les prenant par la main pour aller à la découverte des villes belges et de quelques-uns de leurs personnages parfois méconnus.

Je leur proposerais ensuite de faire connaissance en découvrant l’un ou l’autre des cinq titres existants. Qu’ils sachent que tous les épisodes de la série sont indépendants l’un de l’autre et que les enquêtes de Stanislas Barberian peuvent être lues dans n’importe quel ordre, de façon tout à fait aléatoire.

Pour finir, avez-vous déjà un nouveau projet en tête ?

Depuis 2019, Stanislas Barberian a enquêté à Charleroi, Namur, Binche, en Brabant wallon et maintenant à Liège. Cela laisse de la marge et chacun imaginera la ville qui lui plairait. Mais je dois vous faire une confidence : mon éditeur n’aime pas trop que l’on parle des projets quand ils sont au stade embryonnaire. Alors, vous comprenez… Mais que cela reste entre nous (rires).

« Casse-tête à Cointe » de Francis Groff est disponible en librairie et sur notre e-shop : 

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