Le Carnet et les Instants vient de publier un jolie recension du dernier Joosten
Un convoyeur de diamants circule sur une route de Haute Ardenne et, attendri par une jeune femme avenante qui réclame de l’aide près de son véhicule, il s’arrête, bravant le protocole strict de sécurité. Cette faiblesse lui sera fatale et les diamants disparaissent dans la nature. En quelques pages liminaires, le crime est posé, avec efficacité.
Délégué sur place par la compagnie qui assurait les pierres précieuses, l’ancien flic Guillaume Lavallée mène sa propre enquête. Il débarque à Stavelot et sillonne les routes, refaisant le trajet du véhicule jusqu’à l’étang dont il a été dégagé avec le corps dans son coffre. Ses recherches l’amènent notamment à rencontrer une jeune femme à la chevelure de feu (que tout le monde surnomme la Rouge macralle) dont la librairie de gauche accueille un détenu qui vient juste d’être libéré et vers qui tous les regards de la police convergent. Notre policier retraité sait qu’une bonne enquête se doit de dépasser les apparences, quitte à prendre l’opinion publique à rebours et à déranger les forces de l’ordre que cette piste arrange trop bien.
S’ensuivent des journées où Lavallée tente d’explorer toutes les possibilités et surtout de forcer le silence et la méfiance qui ne démentent pas la réputation qui entoure les Ardennais. Le tout sur fond des préparatifs du carnaval qui résonnent dans la petite ville. Au cours de cette recherche à l’issue improbable, il approche non sans difficulté un homme que tout le monde appelle Buick en raison de la belle américaine qu’il bichonne et avec laquelle il se déplace. Proche des activistes de gauche, et reclus dans sa caravane au milieu de nulle part, l’homme le met à l’épreuve et se lie d’amitié avec l’enquêteur, lui délivrant des filons au goutte-à-goutte. Lavallée joue serré, ménageant la nécessaire collaboration avec la police locale et avec une journaliste qui est sur le coup, tentant d’avoir toujours un coup d’avance, distillant des bribes de ses propres découvertes, mais comprenant assez vite qu’il ne peut se fier qu’à lui-même. C’est à force de ruse qu’il parviendra à percer le mystère et à sauver sa peau de justesse face à des criminels prêts à tout qui évoluaient dans le cercle de l’enquête.
Avec ce nouveau thriller, Christian Joosten fait revivre Guillaume Lavallée dont nous avions fait la connaissance dans Le roi de la forêt(2020) et Le jugement de Dieu (2021).
Parlant du premier des deux ouvrages, le regretté Ghislain Cotton ne s’y était pas trompé lorsqu’il écrivait sur ce blog : « Voilà en tout cas un polar dont la qualité visuelle et le souci de l’humain (avec le lot de paradoxes et de désordres multiples que cela suppose) augurent bien de la possible persévérance de l’auteur dans le genre. »
En effet, outre le ressort de l’enquête, le récit est porté par la subtilité des rapports humains qui l’animent, l’épaisseur des personnages et le rendu des ambiances, sans oublier un humour croustillant qui vient bien à point. C’est sans aucun doute ce mélange bien dosé qui en fera une nouvelle lecture de choix à l’enseigne du Noir corbeau.
Thierry Detienne pour Le Carnet et les Instants
« Rouge Macralle » de Christian Joosten est disponible en librairie et sur notre e-shop :