La blogueuse Nath touchée par le récit de Ralf 

Présentation de l’éditeur
La disparition volontaire : un phénomène planétaire et sans âge qui concernerait des milliers de personnes chaque année. Pour des raisons évidentes, les récits en sont extrêmement rares. Celui-ci est l’un des seuls.

Le cas de Ralf Bouffioux est particulier : si elle fut la conséquence directe d’une période douloureuse à bien des égards, sa fuite a donné naissance à une aventure exceptionnelle. Un tour de l’Europe à vélo, étalé sur quinze mois, au quotidien souvent éprouvant, mais lors duquel la chance fut sa plus grande alliée. Allemagne, Italie, France, Espagne, Portugal… Ralf allait « de ville en ville », trouvant l’hospitalité chez l’habitant. La fin du voyage, médiatisée et digne d’un film hollywoodien, continue à susciter un vif intérêt.

Sa famille le pensait mort. Il est rentré chez lui le jour de la fête des Mères. Ce journal, tenu au jour le jour durant son voyage, lève le voile sur son incroyable aventure et explique son choix de tout quitter du jour au lendemain.

Mon avis
J’ai croisé Ralf Bouffioux à la Foire du Livre de Bruxelles, nous nous sommes parlés,  il m’a raconté sa disparition volontaire , son récit m’a touché et m’a donné envie de le lire.

C’est en rentrant chez moi que je me suis souvenue de ce fait divers en février 2014, une voiture retrouvée incendiée dans les bois du sud de la Belgique, un appel à témoin, une disparition inquiétante, un suicide ?  Non, fort heureusement, ce livre en témoigne mais l’angoisse pour sa famille car c’est une fuite de 15 mois tout de même.

J’ai voulu comprendre pourquoi Ralf était parti, ce qui peut pousser à une décision aussi extrême et radicale.  Issu d’une famille nombreuse, aimante avec une enfance heureuse, Ralf s’est retrouvé impuissant, renfermé sur lui-même lorsqu’une histoire d’amour à sens unique va déclencher son mal-être. Il découvre et refoule son homosexualité, s’enferme, n’ose en parler, peut-être se l’avouer à lui-même, l’assumer et sa situation professionnelle précaire et insatisfaisante l’enfonce encore un peu plus dans son mal-être. Au départ de sa fuite en vélo, il a trouvé du sens et s’est mis en tête de faire un tour d’Europe, en descendant jusque Venise et en remontant vers Ostende par la côte.

On va suivre avec lui le récit qui l’a sauvé, qui lui a permis de réaliser quelque chose, de se réaliser, de prendre confiance en lui. Une disparition qui était sans doute nécessaire pour qu’il réalise qu’il a sa place dans la société.

Ce récit c’est son journal, son quotidien, ses états d’âme mais aussi de nombreuses belles rencontres, des gens, des visages, des émotions. Ce sont des photos instantanées émaillées de réflexion sur notre société et notre planète. Cette fuite était je pense indispensable pour que Ralf se réconcilie avec lui-même et la société, y trouve sa place, se réalise et se prouve à lui-même qu’il était capable de jolies choses.

J’espère et je pense que cela lui a permis de trouver le bonheur et la sérénité.

Un road movie intéressant à découvrir car le phénomène des disparitions volontaires est bien réel, au Japon, on les nomme « Les évaporés » du nom éponyme du roman de Thomas Reverdy traitant le sujet.

Ma note : 8.5/10

Les jolies phrases
Il loge à l’hôtel, seul.  Dans le fond, je préfère ma pauvreté enrichissante à une richesse appauvrissante. Je suis libre de faire ce que je veux, où je le veux et quand je le veux. Ça, ça n’a pas de prix.

La voix de la raison tente de me rassurer, de me dire que tout cela n’est que façade, une illusion. Vous connaissez l’effet des photos : cacher sa misère et faire paraître le contraire ; Nombreux sont ceux qui se comportent de la sorte dans les moments difficiles, moi le premier. « Manifester sa douleur, c’est se montrer faible ! ». Un mal dans une société du paraître, où le beau doit primer sur le vrai, quitte à le dissimuler. Résultat, nous souffrons tous derrière un masque avec la crainte d’être dévoilés tels que nous sommes : des gens normaux avec des hauts et des bas. 

La possession n’est qu’une illusion.

J’ignorais que la vie pouvait être aussi riche, dès que l’on quitte sa zone de confort pour découvrir le monde. Cependant, c’est un quotidien loin de tout repos, où le confort reste un luxe. Mais c’est ce qui le rend si précieux quand, dans une vie classique, il nous laisse indifférent.

Dans le fond, qu’est-ce que la vie, si ce n’est subvenir à ses besoins tout en la remplissant d’émotions ?

Et c’est ainsi que ceux qui possèdent le plus perdront également le plus. Tandis que leurs confrères aux poches vides, légers comme des moineaux, tourbillonneront dans les cieux. Ce que j’aimerais quitter ce monde comme un oiseau !

Un article signé « Le coin lecture de Nath », 27/11/23

« Journal d’un disparu » de Ralf Bouffioux est disponible en librairie et sur notre e-shop :

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