La bataille de Carentan – Daniel Ruelens
Quand on évoque la campagne de Normandie, on cite spontanément Caen, Saint-Lô ou Cherbourg, rarement Carentan. Et pourtant ! La ville occupe une place centrale dans le dispositif américain. La bourgade acquiert une importance inattendue pour les Allemands. Leur réaction se met en place bien trop tardivement !
Commune côtière de quelques milliers d’âmes, aux portes du Cotentin, à la confluence de la Douve et de la Taute, Carentan est bâtie sur un terrain marécageux morcelé de nombreux fossés. Située au carrefour des routes d’Isigny à La Haye-du-Puits, de Saint-Lô à Cherbourg et de Périers, la ville occupe depuis toujours une position stratégique. À mi-chemin entre les plages de débarquement américaines de Utah et Omaha, le contrôle de la place est de première importance aux yeux d’Eisenhower et de Bradley. Débarqué par Utah Beach, le VII Corps du Major General J. Lawton Collins a pour objectifs stratégiques d’isoler la péninsule du Cotentin, préalablement à la poussée vers l’important port de Cherbourg. S’emparer rapidement de Carentan est essentiel pour interdire à l’adversaire de s’établir solidement à la charnière entre les têtes de pont des VII et V Corps (débarqué à Omaha Beach). La prise des points de franchissement sur la Douve incombe à la 101st Airborne Division du Major General Maxwell D. Taylor, un objectif préliminaire à la marche vers Carentan et la jonction avec le V Corps.
La Douve le Jour J
La Douve est une rivière côtière soumise au cycle des marées dont le cours inférieur est barré par le pont-écluse de La Barquette. Qui contrôle celle-ci contrôle d’une part l’inondation des basses terres au nord de Carentan et d’autre part la liberté de manoeuvrer sur le flanc sud du VII Corps. En aval, les Allemands ont construit deux ponts permettant le contournement de Carentan par le nord-est (Le Port/Brévends). Le commandement américain est conscient de l’importance stratégique de ces petits ouvrages et la mission de s’en emparer échoit au 501st Parachute Infantry Regiment du Colonel Howard R. Johnson pour l’écluse, au 506th Parachute Infantry Regiment (PIR) du Colonel Robert Sink pour les ponts. Précisons aussi que la Douve marque la limite des secteurs de deux divisions allemandes. La 709. Infanterie-Division au nord et la 352. Infanterie-Division au sud. Deux divisions qui auront trop fort à faire face à l’invasion pour coordonner la chasse aux parachutistes. Un fait qui va jouer en faveur des Américains.
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