Gaffeurs, tricheurs et farceurs belges : découvrez l’une des 32 histoires rocambolesques et vraies de Marc Pasteger !
Les mauvais coups du bâton.
Jusqu’au 17 mai 1984, Wouter Ehrenreich, né à Turnhout vingt-neuf ans plus tôt, n’avait jamais remarqué qu’il était malchanceux. Ou gaffeur. Rien de particulier dans sa vie ne permettait de tirer pareille conclusion.
Marié à Veerle, père d’une petite Lisa de deux ans, il travaille dans la police. Dès son plus jeune âge, il a montré un réel attrait pour l’uniforme. Gamin, il demandait à saint Nicolas de lui apporter la panoplie complète du parfait agent de police pouvant régler la circulation partout où il le fallait.
Coiffé de son képi, muni d’un bâton fluorescent, Wouter se contentait pourtant de faire entrer et sortir son père du garage. Ou, faute de mieux, autoriser le passage à ses frères et soeurs à la salle de bains…
Dans la rue, dès qu’il le pouvait, Wouter arborait fièrement son attirail. Même qu’un jour, un vrai policier l’a salué on ne peut plus réglementairement !
Cette attirance d’enfant aurait pu s’estomper avec l’âge, c’est souvent le cas pour des gamins jouant au flic ou à l’instituteur. Chez Wouter pourtant, il y avait de la vocation dans l’air.
Contrairement à beaucoup de garçons, il s’est montré ravi et même empressé d’effectuer son service militaire. Wouter a pensé un temps faire carrière dans l’armée où il se plaisait bien. Mais c’est finalement la police qui a eu ses préférences.
Le 17 mai 1984, en compagnie de nombreux collègues, Wouter Ehrenreich est convié à défiler dans le cadre d’une fête de la police. Il revêt l’un de ses uniformes impeccablement repassé par Veerle. Et rejoint le lieu de départ
de la manifestation.
À un moment donné, au son de la musique de la fanfare accompagnant le groupe, il est prévu que Wouter lance son bâton et, bien sûr, le récupère ! Cet exercice, le jeune homme l’a effectué des dizaines de fois dans de multiples
circonstances. Mais, ce 17 mai 1984, il ignore pourquoi il sent une sorte de trac l’envahir. Et au moment où il doit agir, Wouter ne suit nullement des yeux la trajectoire du projectile…
Le bâton, qui n’aurait pas dû être projeté si haut, heurte une ligne à haute tension. Et la cascade d’incidents se déclenche immédiatement en commençant par un courtcircuit privant tout le quartier d’électricité. L’émetteur de la radio la plus proche tombe en panne. Et, un peu plus loin, c’est un feu de broussaille qui se déclare.
Ce n’est pas tout : en retombant, le bâton déjà responsable de tant de maux atterrit sur la tête d’une vieille dame qui titube avant de s’écrouler sur le pavé. Ce qui provoque un attroupement dans lequel un homme de cinquante ans se brise la cheville ! L’ambulance, appelée d’urgence, éprouve des difficultés à se frayer un passage et manque de renverser un curieux qui, brusquement, traversait la chaussée en courant !
Tétanisé, Wouter Ehrenreich n’ose plus bouger au milieu de tant d’agitation. Craignant de provoquer une nouvelle catastrophe, tremblant, il demande à un collègue de le raccompagner à son domicile. Pas question qu’un jour pareil, il prenne le volant ; il pourrait ne pas rentrer entier chez lui !
Incapable d’expliquer ce qui lui était arrivé et pourquoi il avait ressenti comme de la panique juste avant d’effectuer un geste à maintes reprises répété, Wouter Ehrenreich demanda quelques jours de congé à sa hiérarchie. Qui, heureusement pour lui, ne considéra pas qu’il avait tendu là le bâton pour se faire battre…
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