Étienne Bisimwa a quitté notre monde mais pas le Congo

Ce 27 janvier 2021 a vu s’en aller, de manière inattendue, Étienne Bisimwa Ganywa, très investi dans le développement du monde rural congolais. Il était un homme engagé dont les qualités humaines ont marqué ses interlocuteurs. Ses grandes capacités d’écoute et de partage le caractérisaient bien.

En mai 2020, Étienne Bisimwa expliquait le projet dans lequel il s’était investi à Bukavu : « On est partis d’un constat simple : à chaque fois qu’on ouvre un robinet, si on est infecté, on s’infecte à nouveau en le fermant. Et comme la population du Sud-Kivu a pris l’habitude de se laver les mains, le risque d’explosion de la pandémie est réeI. » Éducateur et animateur de développement, entre autres, l’homme a mobilisé des jeunes, étudiant dans un institut comprenant une section électronique, pour produire des lave-mains automatiques. Le résultat ? Une vingtaine de lave-mains ont été construits : l’ossature est « en bois local », et une cellule infrarouge active l’écoulement de l’eau. « Il en existe trois modèles, précisait Étienne Bisimwa. Dans le plus répandu, l’eau s’écoule automatiquement ; dans un autre, le savon le fait aussi. Et pour l’hôpital de Panzi, dirigé par le Dr Mukwege, Prix Nobel de la Paix, nous en avons construit un qui permet à six personnes de se laver les mains en même temps. »

Étienne Bisimwa Ganywa est l’auteur de plusieurs ouvrages que nous avons publiés en 2019 dont celui dont il était le plus fier : Par où commencer ? Une autre vision du développement pour la République Démocratique du Congo. « Comme pays, nous avions rangé différents bataillons sur le champ de bataille du développement. Et les uns comme les autres ont failli » écrivait-il. « La question de fond avait été celle de considérer le pays tout entier comme unité de développement sans un plan de développement qui met au centre le Congolais. Le présent ouvrage propose un autre paradigme de développement en définissant une nouvelle unité de développement en mettant en avant tous les outils et les éléments de planification basée sur le diagnostic, l’inventaire et la proximité… Il est question de construire une nouvelle conscientisation qui fait du développement une vision commune entre tous les acteurs locaux et de mettre fin aux bricolages ambiants. »

Avec son ami, Luc Dussoulier, il a co-signé un Guide pratique du formateur. La pédagogie des opprimés postule la prise en compte radicale de tout homme – de tous les hommes et de toutes les femmes – comme sujet de leur histoire. Cet ouvrage constitue le « guide pratique de l’animateur ». C’est là notre ambition première : fournir aux leaders et animateurs des communautés de base les outils concrets pour pratiquer la pédagogie de la conscientisation, le « Former pour transformer » sur le terrain.

Ancien coordonnateur panafricain du MIEC, Étienne Bisimwa Ganywa a également été membre du Conseil pontifical pour les laïcs, coordonnateur du Réseau africain d’éducation au développement et a aidé à mettre en place la CONAPAC. Il a été un collaborateur fréquent de l’Espace Texaf Bilembo à Kinshasa en tant que guide environnemental. Étienne oeuvrait avec conviction pour le développement d’une plus grande conscientisation, afin de faire émerger une autre vision du développement basée sur le Congolais.

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