En quatre romans, Francis Groff a imposé Stanislas Barberian

En deux ans seulement et quatre romans déjà, Francis Groff a posé sa marque, son style et son héros, avec une bluffante efficacité

Depuis « Mort sur la Sambre » paru en avril 2019 et « Waterloo, mortelle plaine » qui vient de sortir, Francis Groff n’a pas chômé. Il nous a offert « Vade retro, Félicien » en novembre 2019 et « Orange sanguine » en mai 2020. Deux années et quatre romans lui auront suffi pour poser son style et son héros dans la collection Noir Corbeau. Avec une régularité et une efficacité impressionnantes.

Le principe repose sur une idée originale et forte : l’auteur nous embarque dans une série d’enquêtes, toujours menées par le même protagoniste, et dont lui seul parvient à détricoter les fils redoutablement entremêlés. Le tout dans un lieu, une région ou une ville belge qu’il nous fait découvrir sous un regard inattendu et aiguisé. Car c’est bien l’idée de belgitude qui donne cette coloration particulière à la série où l’on se surprend à découvrir bien des choses sur l’histoire, le folklore ou sur des personnages illustres qui ont hanté les lieux du drame.

Francis Groff a su merveilleusement tirer parti de cette « contrainte » éditoriale pour asseoir son Stanislas Barberian qui, ni flic ni privé, parvient chaque fois à débloquer une enquête enlisée dans les méandres bien sombres des aspérités humaines. Ceci, grâce à une belle capacité d’observation, un sens psychologique pointu et une force de déduction implacable. Une sorte de seconde nature, pour ce bouquiniste qui y prend un réel plaisir et qui, par voie de conséquence, nous en procure énormément.

La clé de ce succès ? Un énorme travail de bénédictin en amont de chaque opus. D’abord pour le repérage des lieux, mené avec la minutie d’un documentaliste qui ne laisse aucun détail au hasard. Une exigence grâce à laquelle l’auteur plante un décor et un climat d’une réalité et d’une densité troublantes. Ensuite, l’enquête elle-même qui tire toute sa vraisemblance du respect de certaines contraintes, difficultés et logiques liées à des procédures, tantôt juridiques, tantôt policières, bien réelles elles aussi.

Et puis, il y a bien sûr toute l’imagination de l’auteur, capable de créer des situations parfois bien tordues, souvent déroutantes, toujours captivantes. Et des personnages qui, avec leurs névroses, leurs blessures ou leurs ambitions avortées, donnent au récit des singularités et des sonorités très… humaines. Un régal.

En quatre romans, Francis Groff a réussi la gageure de tisser un lien quasi affectif, et dans un style qui lui est propre, entre le lecteur et son Stanislas Barberian, le bouquiniste belgo-parisien à la Facel Vega de rêve. Désormais, on attendra le prochain «Stanislas Barberian », comme on attendait Jules Maigret ou Hercule Poirot : avec une certaine fébrilité !

Bravo Francis Groff ! On attend déjà le suivant…

Baudouin Delaite

Photographie d’en-tête : © Nathalie Hupin

Les quatre romans de Francis Groff sont disponibles en librairie et sur notre e-shop :

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