Comédien formé à l’art du clown, Denis Bernard va à la rencontre des personnes fragilisées. Un livre présente dix années de métier.

Françoise Lison

Denis Bernard aurait pu être infirmier ou éducateur. Contrairement aux comédiens qui se produisent sous chapiteau ou à l’écran, son terrain de prédilection est ailleurs. En hôpital, en institution, en maison de retraite, et même dans la rue où chaque rencontre se teinte d’écoute, de poésie, d’une furtive entente, parfois avec un air d’accordéon.

Willy, sobre et Juste

C’est un journaliste et conteur, Yves Brumme, qui prend la plume pour faire connaître le personnage et l’action de Denis Bernard, alias Willy.

Il l’a approché pas à pas, car l’homme est d’abord un être de silence et d’attention.

« J’ai aussi interviewé Julie, une clown qui travaille régulièrement avec Denis, mais je n’ai pas été témoin de leur interaction, précise l’auteur. Sur les photos, elle donne l’image d’une clown changeante, variant entre la taquinerie et le grand bonheur. »

Des dessins de Madeleine Tirtiaux et des photographies de Patrick Bouré illustrent la présence de Denis/Willy et de quelques autres dans des situations et sites inédits. Des témoignages enrichissent et appuient le propos : médecin, coordinateur, travailleur de rue, enseignant… L’un des établissements visités par Denis se situe à Ere. L’école « L’Étincelle » le reçoit deux matinées par semaine, dans de petits ensembles d’élèves polyhandicapés ou autistes. Le local choisi est accueillant.

« Cinquième élève de la matinée, une fille entre, vêtue d’un pull à rayures vertes, roses et blanches. Le clown chante un jazz et lui prend la main pour danser…. Elle et Willy marchent à l’unisson. »

La séance conduite par le clown tient compte des instants où la jeune fille s’arrête pour adresser un sourire, prendre un autre itinéraire. Et c’est Willy qui la reconduit en classe. « Ce dont l’enfant est capable, explique Denis Bernard, c’est regarder le clown pendant dix secondes et ne rien attendre… Il peut voir un chemin, mais ne pas vouloir nécessairement l’emprunter… Ce que les enfants aiment, c’est que le clown soit juste présent. Et les clowns font comme si les adultes avaient tous les mêmes attente : ils établissent exactement la même relation avec un enfant et avec sa mère, son père, une institutrice ou un éducateur, ou n’importe quelle personne. Dans le clown, l’enfant reconnaît un adulte pour qui prendre du plaisir est une chose sérieuse. »

Le secret de Denis et des Empathiclowns ? « Retenir ce qui emportela connivence, l’accord et le retour positif. » Le métier ne s’improvise pas, il est le fruit d’une intention bienveillante, nourrie d’instants repérés, de gestes sobres et justes.

Et il s’aiguise dans des formations adaptées, échanges d’expériences, et sur ces terrains divers qui mettent les gens en attente d’une surprise, d’une relation, de la symbiose. À Taintignies. à Flobecq, à Bernissart, à Mouscron, à Tournai et dans tant d’autres lieux d’ici et d’ailleurs, des femmes, hommes et enfants bénéficient de moments privilégiés, guidés par la confiance.

Françoise Lison pour Le Courrier de l’Escaut, 24/02/2021

« Empathiclown Le Clown-Miroir »  de Denis BERNARD et Yves BRUMME
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