Du sang, des ruines et des larmes
La libération de l’Europe par les Alliés, et singulièrement par les Américains, constitue une grande épopée héroïque. C’est l’odyssée d’un peuple jeune, volant au secours de ses valeurs ancestrales menacées par le péril noir, une croisade, en quelque sorte. Le bien contre le mal !
Est-ce à dire que toute l’entreprise et tous ses composants furent parfaits, sans tache, d’une vertu et d’un courage exemplaires ?
Certainement pas !
Comme toute entreprise humaine, celle-ci n’était pas exempte de failles, de défauts, de faiblesses. La bataille pour la libération de l’Europe occidentale a rassemblé des millions d’hommes. Tous n’ont pu, en permanence, se conduire en purs héros, ils n’étaient pas non plus tous des anges. Ils étaient faits de chair et de sang… de courage et de faiblesse… d’idéalisme et de réalisme. Certains ont failli. Le mérite des autres n’en fut que rehaussé.
Cet ouvrage lève un peu le voile sur un des points noirs de la bataille des Ardennes, sur un aspect méconnu de l’armée américaine. Il ne prétend cependant pas être œuvre d’historien. Tout au plus apporte-t-il, en témoignant, des éléments neufs pour porter un jugement lucide sur l’action et le comportement des G.I’s.
Au travers de l’enquête proposée en fin d’ouvrage, le lecteur découvrira sans doute des aspects peu connus du combat des Américains contre les nazis. Trouvera-t-il pour autant, ce lecteur, une solution définitive à l’énigme posée ?
Assurément non ! On pourra voir se dégager des certitudes évidentes, mais parfois il ne sera possible que de suggérer des explications probables.
Et finalement demeurera peut-être un certain mystère.
Le lecteur sera seul juge de ce travail de huit ans d’enquête. Qu’il sache en tout cas que l’enquête a présenté une double difficulté.
Les archives, même celles qui sont devenues accessibles, ne sont pas très « parlantes » pour le sujet qui nous a occupé. Il en existe probablement d’autres beaucoup plus explicites, mais elles ne sont pas encore prêtes à être révélées à tous, à nous pas plus qu’à d’autres.
Par ailleurs, les témoins encore vivants se refusent bien souvent à parler. Pourquoi ?
Pour plusieurs raisons, suivant les cas : crainte de révéler un comportement personnel peu louable, trait tiré de manière définitive sur un passé douloureux, méfiance envers l’enquêteur, scrupules à dire une vérité qui fait apparaître des camarades sous un mauvais jour…
De toute manière, ce n’est pas rendre service à l’armée américaine que d’en cacher certaines bavures.
Répétons-le, les faiblesses de quelques-uns ne feront que grandir les mérites de tous les autres, ne fût-ce qu’en montrant que cette entreprise gigantesque était humaine avant tout.
Au-delà des jugements hâtifs, l’entreprise de libération de l’Europe ne sortira que grandie si elle est présentée dans toute sa réalité.
Cet ouvrage tente d’y contribuer.
Roger Marquet
(Nouvelle édition)
L’auteur, Roger Marquet, raconte avec force et détails ces longues journées de décembre 1944 et l’offensive qui changea le destin de nombreux hommes : Ardennais, Américains mais aussi Allemands, tous embarqués dans le tourbillon infernal et violent de la guerre.
Cet ouvrage, très riche en illustrations et témoignages, nous livre un chapitre peu connu de l’histoire de la bataille des Ardennes. Durant cet hiver 1944, des milliers de jeunes hommes ont perdu la vie pour sauvegarder celles des autres. à l’image de Robert A. Fordyce, ce jeune soldat dont Roger Marquet raconte le malheureux périple, ce livre rend hommage à ces jeunes garçons courageux qui ne sont jamais rentrés chez eux.
D’origine liégeoise, Roger Marquet s’est passionné pour la bataille des Ardennes dès son plus jeune âge. Au terme de sa carrière d’enseignant, il s’installe en terre luxembourgeoise, à deux pas de Bastogne. Auteur de plusieurs articles et ouvrages sur la Seconde Guerre mondiale, l’auteur est aussi membre de plusieurs associations historiques. Pendant 25 ans, il a souvent guidé des groupes de vétérans sur leurs champs de bataille et des adolescents, américains eux-aussi, qui voyageaient en Europe pour la première fois.
Roger Marquet est maintenant Conseiller Scientifique du Bastogne War Museum.
Du sang, des ruines et des larmes – Chenogne 1944-1945