Deux premiers romans pour deux auteures belges
Notre collection Plumes du Coq a le plaisir d’accueillir deux nouveaux titres, Les Mémoires enroulées et La Reine, la Loi, la Liberté. Deux récits très différents, mais qui ont pour points communs d’être les premiers romans de deux auteures prometteuses et de mettre en scène des héroïnes fortes et inspirantes.
Pourquoi Suzanne, jeune trentenaire, a-elle été arrêtée par la Gestapo en 1943 ? Sa petite-nièce, cinquante ans plus tard, décide de mener l’enquête. Le lecteur découvre les histoires des deux jeunes femmes en parallèle : ce sont ces Mémoires enroulées, inspirées de faits réels, que Geneviève Mairesse nous conte, dans un récit mené comme une enquête historique.
« Je ne me souviens plus très bien comment tout a commencé. Il y a environ vingt ans. Un nouveau job à Bruxelles, le cauchemar de la prison, encore et toujours présent, puis, une rencontre avec une historienne.
Nous participions à un colloque sur l’histoire des mouvements féministes. Lors d’une pause, nous avions sympathisé autour d’une tasse de café. Elle se présenta comme historienne au Service des victimes de la guerre. Ces quelques mots d’une banalité administrative déclenchèrent un désordre en moi. Quelques secondes de temps suspendu, elle dut répéter sa question :
— Et vous ? Vous travaillez dans quel domaine ?
— Oh oui, excusez-moi…
Nous avons échangé nos impressions sur les exposés de la matinée. Mon désordre persistait. Je lui confiai :
— À propos, une de mes grand-tantes a été arrêtée par les Allemands pendant la guerre…
— Ah ? Et qu’est-elle devenue, si ce n’est pas trop indiscret ?
— Elle est revenue d’Allemagne à la fin de la guerre, je crois… je n’en suis pas sûre. La famille en a peu parlé.
— Et vous souhaiteriez en savoir plus sur ce qui s’est passé ?
— Oui… enfin, peut-être… je ne sais pas. Vous pensez que je pourrais trouver des informations à ce sujet ? »
Dans La Reine, la Loi, la Liberté, Linda Vanden Bemden s’inspire, elle, de sa propre expérience d’interprète judiciaire pour camper son personnage principal, Anne-Omalie, une trentenaire citadine en quête de sens. Anne-O fait partie d’un groupe qui lutte contre la suffisance ostentatoire en pleine préparation d’un attentat. Le lieu, la date, la victime sont tous désignés. Oui, mais, évidemment, tout ne se passera pas comme prévu… Linda Vanden Bemden nous raconte ses déboires dans un récit enjoué mené tambour battant.
«Je jette un dernier coup d’œil en direction du miroir et me trouve ravissante. Il est 19 heures. Je dévale les escaliers comme un cheval en hurlant Bonne soirée, Fleurine Renoir-comme-le-peintre. Rendez-vous à 20 heures au Plan-Q. Faut le faire ! J’entre dans le bar et je le vois coincé à côté du feu ouvert. Il m’invite à m’asseoir en face de lui au moment même où je me demande ce que je fais là.
— J’ai reconnu votre voix au téléphone, me dit-il en souriant.
— Oui, désolée, je mélange rarement le professionnel et le privé, mais là, je cale au niveau des hommes, il faut que vous m’aidiez.
Je ne voulais pas perdre de temps et préférais entrer immédiatement dans le vif du sujet. C’était chose faite. Je l’imaginais me demander de lui dépeindre mes déboires amoureux un à un pour voir où le bât blessait, mais il n’en fit rien.
— Vous êtes une jolie femme, madame Valdieu, trouver l’homme qui vous convient ne devrait pas poser problème, moyennant une remise en séduction.
Premier coup de poing : j’étais donc une jolie femme peu séduisante.
— Qu’est-ce qui vous insupporte ? me demande-t-il.
— Dépasser les camions sur l’autoroute et les gens qui miment les guillemets avec leurs doigts quand ils ne pensent pas tout à fait ce qu’ils disent.
— Chez les hommes, je veux dire. »
Justine Sanglier
Le roman de Geneviève Mairesse est disponible en librairie et sur notre e-shop.
Le roman de Linda Vanden Bemden est disponible en librairie et sur notre e-shop.