Christian Joosten et « Le roi de la forêt », un polar sombre qui se fraye un chemin dans les profondes forêts semoisiennes

Plongez dans l’univers captivant du livre Le Roi de la forêt de Christian Joosten, une histoire qui mêle mystère, nature sauvage et destin hors du commun. Un roman fascinant aux multiples rebondissements, qui explore les liens entre l’homme et la nature, et vous transporte au cœur d’une aventure extraordinaire.

2006.

Nous sommes sur les hauteurs de Vresse, petit village de la Vallée de la Semois. Un policier, ce qu’on appelle un « vieux de la vieille » est appelé par son adjoint Brissack, sur le lieu de découverte d’un cadavre. Mais quand il s’avère que ledit cadavre est celui de la femme du commissaire Guillaume Lavallée, celui-ci comprend qu’il est en très mauvaise posture et devient rapidement le premier suspect, aux yeux de ses collègues et du village entier.

D’autant plus que l’épouse du policier s’est volatilisée quelques jours auparavant. Et dès les premières pages, on découvre une vie de couple terne et désunie. L’enquête s’enclenche rapidement, et au fil des pages, on entre dans l’histoire de ces personnages marqués par l’Ardenne, et par leur passé.

L’auteur nous dépeint des paysages sauvages, oppressants, des Ardennais courageux, rudes, taiseux, ombrageux même. Brissack, en compagnie de Hérault, un flic de Bruxelles, venu diriger l’enquête, va devoir petit à petit démêler l’écheveau de cette affaire. Guillaume Lavallée va, lui, avoir à jouer serré pour échapper à ce statut de coupable tout désigné, dont les rumeurs villageoises l’ont affublé.

De savants flashbacks entre 2006 et 1976 vont nous faire découvrir peu à peu les personnalités du commissaire et de son épouse, mais aussi leur passé, leur histoire, et leurs histoires également, tout ce qui faisait leur monde. Les amours, les amitiés, la rancœur, la méfiance, le sentiment d’un destin implacable….

L’écriture est sobre, sombre, et redoutablement efficace. L’auteur est photographe amateur et cela se sent. La lecture fait naître des images aussi nettes qu’un film de cinéma, on voit littéralement l’action, on s’assied sur les banquettes de skaï usé où s’assied Guillaume Lavallée, on avance dans les bois sombres, on s’arrête dans les cours de ferme, les hangars, et les plus vieux s’asseyent à la table de formica d’un vieux café de campagne, où les anciens du village écoutaient les courses cyclistes ou les matchs de foot à côté d’un gros poste de radio…

Je qualifierai ce premier roman de « roman de présentation », écrit à la première personne, on fait connaissance avec Guillaume, et on découvre un homme tout en complexité, tellement humain, rien n’est noir ou blanc avec lui, à travers ses yeux, on pose nous-même notre regard sur sa vie.

C’est tellement bien écrit qu’on regrette que cette première aventure soit si courte… Le caractère, les failles et les blessures de Guillaume Lavallée nous font appréhender un homme en nuances, et on attend avec impatience la suite de ses aventures. 

Une réussite évidente pour le premier roman publié aux éditions Weyrich, dans la collection « Noir corbeau ».  Deux autres romans suivent celui-ci. 

Christian Joosten a commencé des études de bibliothécaire puis s’est dirigé vers la formation de documentaliste. Profondément attaché à sa ville, Charleroi, il devient le documentaliste du site du Bois du Cazier, à Marcinelle, en 2001. Il travaille à la rédaction de plusieurs publications, à la réalisation d’expositions, et certaines de ses recherches connaîtront une diffusion bien plus large. Ainsi, en 2006 avec Alain Forti (conservateur du Musée), il écrit CaZier judiciaire aux éditions Luc Pire, ouvrage qui replace dans un contexte historique, technique et surtout judiciaire les différentes enquêtes liées à la catastrophe du Bois du Cazier du 8 août 1956, qui coûta la vie à 262 mineurs.

On lui doit également un ouvrage sur les peintures publicitaires de Charleroi, De la pub plein les murs.

De 2008 à 2014, il participe au blog « Minedhistoire » avec le journaliste Eddy Piron. Il rédigera ainsi de courts textes sur le patrimoine industriel enrichis par des témoignages oraux d’anciens mineurs, et sidérurgistes du pays noir.

Après un détour d’un an au Québec, Christian Joosten revient en Belgique, et devient archiviste de la ville et du CPAS de Charleroi de 2013 à 2015. Il mettra à profit cet emploi pour participer à la création d’une exposition Soudain le chaos qui raconte le début de la Première Guerre mondiale au travers les documents d’archives qu’il a eu tout le loisir d’étudier et de mettre à l’honneur. Il travaillera également sur l’architecture de Charleroi avant de publier à partir de 2018, plusieurs articles que l’on peut toujours consulter sur le site internet de la ville de Charleroi.

Il obtient son diplôme en Sciences du Travail en 2016. Cela lui permet d’intégrer un aspect social et humain dans l’Histoire. Il donne également une grande importance à la mémoire orale, et il a été ou est toujours impliqué dans diverses associations patrimoniales ou archivistiques.

Passionné de football américain et de photographie, il capture de nombreuses scènes lors des matchs des Coal Miners (équipe de Charleroi) et des Barbarians (équipe nationale belge). Son regard de photographe, qui saisit des scènes qui rendent hommage à l’esprit d’équipe des sportifs, mais aussi à l’esprit de famille qui unit ces sportifs.

Ce regard qu’il pose sur les gens et les paysages, on le retrouve dans son style d’écriture, descriptif, incisif, vif et profondément humain.

En 2020, il rejoint l’équipe des auteurs de la collection « Noir Corbeau », aux éditions Weyrich, et il publie son premier roman policier Le roi de la forêt.

Article signée Francine Charles pour Culturius Magazine, le 19/7/23

« Le roi de la forêt » de Christian Joosten est disponible en librairie et sur notre e-shop :

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