C’est du grand art par un grand auteur !
« Le Septième Cercle, c’est un récit magistral et sans concession qu’André-Joseph Dubois élabore avec le talent sublime qu’on lui connaît »
Le Septième Cercle d’André-Joseph Dubois. Où se raconte l’histoire d’une franche crapule satisfaite de l’être et où se pose la question de savoir qui, de celle-ci ou du système qui l’a produite et l’utilise, est réellement coupable.
Léon Bourdouxhe est un homme déjà âgé, passablement usé, lorsqu’il entame sa confession. Un récit livré seize jours durant à une dame dont on ne sait s’il s’agit d’une journaliste, d’un juge ou d’un flic… Qu’importe. Léon est un vieillard, certes, mais qui n’a rien de désabusé… Du moins, ce sont là les apparences qu’il voudrait laisser. Son récit, c’est son panache. Une dernière bravade qu’il déverse presque obligeamment, dans une sorte de narcissisme jubilatoire.
Car Léon, c’est un destin. Une vie bien remplie, réellement extraordinaire. Mais dont on s’aperçoit très vite qu’elle s’apparente aux abysses noirs et cruels que l’âme humaine peut atteindre alors que tout la prédisposait à une vie normale et bien rangée. Dans une famille catholique prospère et se pensant bien pensante. Affichant, à l’aube de la Seconde Guerre mondiale déjà, une dilection sans scrupule pour les idées rexistes. Ce qui, rapidement, deviendra source de jalousies d’abord, et d’avanies ensuite.
Son destin, Léon s’y ancre lorsque jeune adolescent, il assiste plus passivement qu’activement à l’assassinat de Julien Lahaut. Là, à cet instant précis, il s’arrime à quelque chose. Une nature dont il ne prendra que progressivement conscience, dans une rocambolesque succession d’événements qui le guident de Liège en Algérie, puis au Congo belge et en Amérique latine…
Une vie virile, marquée d’aventures et d’actions, de tribulations menées là où se jouent les épisodes et où se croisent les destins qui vont construire le XXe siècle. Tout un monde dont il se trouve le témoin, le complice, l’acteur et la marionnette. En fait, un univers de crapules, assumées et décomplexées, stipendiées selon les opportunités qui motivent les États occidentaux à cette époque…
Le Septième Cercle, c’est un récit magistral et sans concession qu’André-Joseph Dubois élabore avec le talent sublime qu’on lui connaît. Sans jamais nous donner un seul moment de déception. Avec, en amont, un travail considérable de recherche et de documentation, la plume se fait mordante, acérée, un peu à la Audiard. Un ton, des couleurs, des timbres qui façonnent un roman à la fois exaltant et profond ; une ambiance atypique, insaisissable où le malaise est épais et la tension palpable. Léon, ce parfait antihéros, décoiffe, dégomme, égratigne aux encoignures, heurte et choque. Le regard qu’il porte sur l’Homme et le monde est à la fois cynique, méprisant et pessimiste. Il ne perçoit aucune ouverture sur une quelconque résilience. Mais toute cette noirceur est pour lui banale. D’ailleurs, sa conscience morale s’en est à ce point accommodée qu’il affiche un certain détachement. C’est son quotidien, son fonds de commerce ; et il s’y meut avec aisance. Il y brille même. Le tout dans une parfaite désinvolture. Jusqu’à sa chute… lâché par de plus cyniques que lui.
Et pourtant, Léon, on s’y attache. Ses contrastes, ses paradoxes, l’enchaînement des événements qui le conduisent; ses forces, ses faiblesses, son humour noir. Mais aussi les ‘espaces de salut’, des moments de grâce, de beauté et de tendresse dans les rencontres avec Hanna et avec sa mère. Ou encore sa coquetterie qui le pousse à étaler naïvement sa culture par le recours à des mots rares ou à des références historiques souvent confuses… Tout cela le rend finalement très humain. Mais surtout, devant cette déchéance sur laquelle porter un jugement pourrait s’avérer aisé, se pose une question : à qui profite le crime ? Cette société qui, pour notre plus grand bien produit ces monstres et ces monstruosités, nous offre-t-elle vraiment la dignité, la liberté et l’harmonie ? Et là, André-Joseph Dubois nous invite peut-être à différents degrés de lecture. Et le vertige n’est jamais loin.
Un style qui est un régal, une plume imparable, un regard dessillé, un humour décapant et une profondeur qui interroge ; Le Septième Cercle, c’est du grand Art (avec majuscule) par un (très) grand auteur !
Baudouin Delaite
« Le Septième cercle » d’André-Joseph Dubois est disponible en librairie et sur notre e-shop :