« Avec le loup, pas de peste porcine »
Un livre consacré au loup démythifie l’animal diabolisé au Moyen Âge. Ce grand gentil loup serait bien utile chez nous.
C’est une question de temps. Le loup sera bientôt de retour chez nous et de façon durable. Pas parce qu’on l’aurait réintroduit, mais parce qu’il a décidé de revenir sur des terres d’où il a été chassé pendant près de mille ans.
Le loup est décrit comme très utile à notre écosystème par Xavier van der Stappen dans un livre qui vient de paraître chez Weyrich et qui s’intitule Au loup ! Ami ou ennemi ?
M. Vander Stappen, pourquoi un livre sur cet animal ?
Tout d’abord la curiosité. Je voulais savoir pourquoi dans l’imaginaire populaire, le loup conservait une telle mauvaise réputation. Je souhaitais étudier cet animal pour trier le vrai du faux. Pour ce faire, j’ai côtoyé une meute d’une quarantaine de loups dans un parc animalier des Ardennes françaises, pas loin de la frontière. Je suis allé aussi au parc de Han-sur-Lesse.
Et votre impression ? Le loup est si dangereux qu’on le croit?
Non. Il y a très peu de cas avérés où le loup aurait tué un homme. Il en a peur à force de se faire traquer depuis le Moyen Âge. Il était avant cela un symbole fort. C’est la chrétienté qui l’a diabolisé. Détail piquant, c’est Saint-Loup qui a évangélisé nos contrées (rires).
Pourquoi a-t-il été diabolisé ?
Parce que, notamment, il était touché par la rage comme le renard. Ce dernier une fois atteint se cache, tandis que le loup se balade et mord. Il a agressé des gens dans les villages qui en sont morts. On y a vu la patte du diable, de la sorcellerie.
Le loup sera bientôt chez nous. Une bonne chose?
Excellente, parce qu’il est important pour notre écosystème. Dans les pays où il vit, il n’y a pas de peste porcine africaine. Il tue les animaux malades, mange des carcasses et prélève du gros gibier comme le cerf et les sangliers qui, chez nous, n’ont plus de prédateurs à part l’homme ou eux-mêmes.
Pourrait-on imaginer une meute de loups dans la forêt de Saint-Hubert ou d’Anlier ?
Non, pour qu’une meute s’installe en Europe, il lui faut une surface entre 150 et 400 km2. Et puis, il ne chasse en meute que quand le gibier est de grande taille comme les bisons en Pologne. Ici, on pourra voir un couple ou l’autre avec ses louveteaux. Les plus gros dangers de mort pour le loup sont les collisions avec les véhicules et les braconniers. Parcourir 100 km pour un tel animal, ce n’est rien. Il est donc possible que nous partagions « nos » loups avec les pays limitrophes.
Le titre de votre livre « Ami ou ennemi » est une fausse question alors?Bien sûr!
Article signé Philippe Carrozza pour L’Avenir de Luxembourg du 14/12/20
« Au loup ! Ami ou ennemi ? » de Xavier Van der Stappen est disponible en librairie et sur notre e-shop :