Anderlecht dans l’oeil des photographes
Avec Anderlecht dans l’oeil des photographes l’historien d’art Gaspard Gierse nous propose un fort portrait photographique de la commune limitrophe de Bruxelles. Méconnue, quoiqu’ayant une réputation internationale grâce au football, l’on y découvre une ville multiple ayant traversé le Moyen Age, la révolution industrielle, les contours du modernisme et l’essor urbanistique.
Comme nous l’indique le titre même de ce Beau Livre, il est le fruit de l’inspiration de sept photographes qui ont posé leur regard à la fois sur la mosaïque de quartiers qui constitue Anderlecht mais aussi sur ses habitants.
A travers ses textes Gaspard Gierse a su parfaitement traduire la richesse et le charme étrange de cette commune de la Région bruxelloise, qui offre des climats variés tant sur le plan urbanistique que patrimonial. Anderlecht, c’est des quartiers de hauts buildings d’inspiration moderniste, de nombreuses friches industrielles mais aussi un réservoir unique de la biodiversité. A Neerpede, à quelques kilomètres du centre-ville existe une zone de près de 400 hectares préservée de la densité urbaine. L’une des spécialités de la commune est d’être constituée à 50 % de terre, de plantes et d’eau avec de nombreux parcs publics, jardins privés et autres zones de campagne.
Anderlecht abrite aussi un riche passé médiéval dont une flamboyante collégiale, un béguinage (le plus petit au monde), sans oublier la maison d’Erasme, célèbre philosophe humaniste néerlandais du XVIe siècle. Rappelant le charme provincial d’Anderlecht, Gaspard Gierse écrit : « Contrairement à la plupart des communes bruxelloises, l’urbanisation d’Anderlecht a épargné quelques campagnes, qui offrent la possibilité aux promeneurs, l’espace d’un après-midi, de traverser à pied un tableau de Breughel. » (page 19).
La ville compte aussi trois cités-jardins (Bon Air, La Roue et Moortebek) dont les photographes ont su subtilement capter la vision panoramique de ce modèle urbanistique et social, influencé par l’architecture des cottages anglais. La ville compte aussi, notamment dans le quartier du Meir, un beau panorama des différentes tendances de l’architecture Art Déco. Autre éloquent témoignage visuel que l’on trouvera dans le livre : celui du riche patrimoine industriel du canal de Charleroi capté à travers des ciels changeants et indécis. L’on y découvre des sites emblématiques comme la brasserie Atlas et l’ancienne Meunerie Moulart. L’auteur nous rappelle d’ailleurs que bon nombre d’entre eux sont réinvestis par des collectifs d’artistes ou d’autres formes de réseaux créatifs et associatifs anderlechtois.
S’attachant à la fois aux décors de la ville et aux visages de ses habitants la photographe italienne Serena Vittorini est partie à la rencontre des artisans et commerçants d’Anderlecht. Il en résulte des portraits vivants et réalistes témoignant aussi de la vitalité de la survivance de métiers confidentiels (crémier, boxeur, comédienne, miroitier, restauratrice d’objets d’art). De toutes ces tranches de vies, de cette diversité patrimoniale, de ces différents quartiers, Anderlecht dans l’oeil des photographes nous dresse un témoignage à la fois érudit, esthétique et terriblement vivant !
Photo d’en-tête : © Lander Deldime
Boulevard de la Révision / Herzieningslaan
Thierry de Fages, pour le Blog de Phaco, 27/11/23
« Anderlecht dans l’oeil des photographes » de Gaspard Giersé est disponible en librairie et sur notre e-shop :