La Confiture de morts, un coup de cœur du Carnet et les Instants
« Nous parions qu’un roman d’une telle intelligence est appelé à séduire encore de nombreux lecteurs »
« Le goût doux-amer des secrets de famille
Un coup de cœur du Carnet
Dans ce roman d’apprentissage, nous suivons Véra, jeune adolescente entêtée et peu sociable, qui s’évade dès qu’elle en a l’occasion grâce à la lecture. Véra vit à Namur avec son père, un avocat renommé, dans une maison un peu délabrée, campée au bas d’un coteau de la citadelle. L’obligation scolaire et les mesquineries des jeunes adolescentes de son école obscurcissent le quotidien de la jeune femme qui se verrait bien vivre en autarcie avec son père, figure complice et bienveillante, avec qui elle partage de nombreux traits.
L’écriture de Catherine Barreau entrelace avec une grande délicatesse couleurs, sensations, pensées, rêves et souvenirs pour nous immerger dans le vécu de la narratrice. Les temps du récit se superposent, comme différentes couches simultanées qui composent le personnage principal et l’établissent dans sa complexité. Véra est à la fois cette adolescente un peu bornée à qui son père arrache une promesse du bout des lèvres un matin d’automne, cette jeune femme ayant commis un acte incompréhensible et qui se retrouve plus ou moins contre son gré en établissement psychiatrique et cette personne presque apaisée et soucieuse de respecter la parole qu’elle a donnée jadis à son père qui monte dans le train en direction de Mortepire.
Car le récit s’articule tout entier autour d’un lieu : le hameau de Mortepire. Un endroit qui pour notre héroïne fourmille de souvenirs d’enfance et qu’elle avait décidé d’éviter coûte que coûte. Mais à la mort de son père et suite à la promesse qu’elle lui avait faite quelques années plus tôt, elle est désormais tenue d’y retourner. Mortepire, pays à la croisée de la Gaume et de l’Ardenne, est superbement décrit par l’autrice, qu’on sent éprise de cette belle région et de ses paysages. Dans ce hameau isolé se trouvent des réponses et l’explication du secret familial auquel Véra ne semble pas vouloir se confronter. Lors de ce retour tant différé, l’héroïne va se heurter à la question de ses origines.
Finaliste du prix Rossel et du grand prix du Roman de l’Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique, La Confiture de morts, livre magnifique et subtil, paru juste avant le confinement de mars, avait jusqu’ici été privé de la reconnaissance qu’il mérite. Nous parions qu’un roman d’une telle intelligence est appelé à séduire encore de nombreux lecteurs… »
Photo d’en-tête : © Marie Périlleux
Un article de Marie Baurins paru dans Le Carnet et les Instants :
« La Confiture de morts » de Catherine Barreau est disponible en librairie et sur notre e-shop :