Interview de Benoît Piedboeuf pour Sudpresse
Benoît Piedboeuf est bourgmestre de Tintigny, chef de groupe MR à la Chambre et aussi… écrivain. Il sort son premier recueil de nouvelles intitulé « Petites histoires à s’éveiller couché ». L’homme politique qui pensait ne pas avoir d’imagination nous offre un livre entre réalité et fiction.
Benoît Piedboeuf, rappelons-le, vous êtes bourgmestre, président provincial du MR pour le Luxembourg, député fédéral, chef de groupe à la Chambre, etc. Vos différents rôles politiques vous imposent un emploi du temps assez chargé : quand trouvez-vous le temps d’écrire?
Et bien justement, j’essaye de trouver le temps (rires) ! En réalité il s’agit ici d’un recueil de nouvelles composé de 16 histoires d’une quinzaine de pages. Quand je suis inspiré, je peux écrire une histoire en trois heures. Le soir de 22 heures à 1 heure du matin par exemple.
À quel moment avez-vous eu envie de vous lancer dans un tel projet littéraire ?
On m’a souvent dit de me lancer dans l’écriture mais je pensais ne pas avoir assez d’imagination. J’écrivais tout ce que je devais écrire ni plus ni moins : des discours, des lettres, des éditos … Et puis il y a eu la mort de mon fils. Je ne comprenais pas ce qui m’arrivait, j’étais quelque peu désemparé face à la situation. La veille de son enterrement j’ai commencé à écrire le texte « petit poucet perdu». Un texte sur lui et sur sa mort. J’écrivais cela comme pour m’expliquer ce qui se passait, à moi-même. Ensuite, j’ai décidé de le faire lire à ma fille. Elle était en colère par rapport à la situation et j’ai pensé que peut-être mon texte pourrait l’aider à avancer. Ça l’a apaisée. Et en voyant sa réaction, j’ai compris que mon écriture pouvait apporter quelque chose de sincère et de vrai aux gens.
« Merveille » est une des premières nouvelles que vous avez écrite, de quoi parle-t-elle ?
Je voyage au Bénin chaque année. Cette année-là, j’ai rencontré un opérateur sur place chargé de mettre à disposition un puits pour la population qui ne possédait pas d’eau. Les femmes du village devaient faire des kilomètres pour aller en chercher. Et cet opérateur s’est donné corps et âme pour leur trouver de l’eau. Il a cru ne jamais pouvoir les aider et puis, miracle : à force de creuser il est tombé sur une source. Vous auriez dû voir à quel point son histoire était pleine d’émotion et de joie. En l’écoutant, j’ai tout de suite su que je devais garder cette histoire au fond de ma tête. Et en rentrant, je suis tombé sur un concours de la maison de la francité. Le thème était « les éléments » autrement dit: l’eau, la terre, le feu, etc. Je me suis dit que cette histoire de puits était parfaite …
Vos histoires sont donc un mélange de réalité et de fiction ?
Je rassemble des textes émouvants sortis de mon imaginaire mais inspirés par des rencontres, des expériences sur la vie et sur la mort. Dans certains textes comme dans « Arlette », j’aborde des éléments du passé. Je vais aussi aborder le thème de la guerre. Vous retrouverez des personnages que j’ai connus et côtoyés mais dont j’ai volontairement décidé de changer le destin ou encore des personnes que j’ai croisées et pour lesquelles j’ai choisi d’inventer leur vie. C’est un mélange de vrai et d’imaginaire. De plausible et de moins réaliste. Des fois, je me balade en rue et je croise des personnages atypiques, ou plus banals, et je me mets à imaginer leur vie. J’écris sur un livreur de pizza, un sans abri, une personne âgée dans un home, sur un robot ou encore sur une jonquille. Il y a de tout.
Est ce qu’il y a tout de même une similitude entre toutes vos histoires ?
J’essaye que toutes mes histoires soient porteuses de valeurs. J’essaye d’apporter du positif. Vous savez, dans notre société on oublie parfois bien trop souvent le pouvoir d’un sourire ou celui d’un merci. Et pourtant, la bienveillance, il n’y a que ça de vrai. J’écris comme je suis. Je fais attention aux gens, j’aime les hommes et les femmes que je rencontre, et j’aime partager mes valeurs. J’ai essayé d’écrire en partageant tout cela.
Il s’agit ici d’un premier recueil, mais il semblerait que ce tome en appelle d’autres?
Oui, je ne compte pas m’arrêter là. J’ai déjà commencé à écrire des histoires pour le deuxième tome. L’inspiration me vient de partout, je ne peux plus vraiment m’arrêter … (sourire)
Propos recueillis par Axelle Graisse
Sudpresse, 10/10/2020
« Petites histoires à veiller couché » de Benoît Piedboeuf est disponible en librairie et sur notre e-shop :