Des lave-mains « made in Bukavu » en service
Etienne Bisimwa, qui a publié chez nous plusieurs ouvrages, a lancé la fabrication de lave-mains à Bukavu. L’Avenir lui consacre un article.
« On est partis d’un constat simple, explique Etienne Bisimwa. A chaque fois qu’on ouvre un robinet, si on est infecté, on s’infecte à nouveau en le fermant. » Et comme la population du Sud-Kivu a pris l’habitude de se laver les mains, le risque d’explosion de la pandémie est réeI.
Éducateur, et animateur de développement, entre autres, l’homme a mobilisé des jeunes, étudiants dans un institut comprenant une section électronique, pour produire des lave-mains automatiques.
Le résultat ? Une vingtaine de lave-mains ont été construits : l’ossature est « en bois local », et une cellule infrarouge active l’écoulement de l’eau.
« Il en existe trois modèles, précise Étienne Bisimwa. Dans le plus répandu, l’eau s’écoule automatiquement; dans un autre, le savon le fait aussi. Et pour l’hôpital de Panzi, dirigé par le Dr Mukwege, Prix Nobel de la Paix, nous en avons construit un qui permet à six personnes de se laver les mains en même temps. »
Le but est d’installer les appareils dans les lieux « où transitent des personnes infectées ».
Les lave-mains sont branchés sur l’eau courante, ou l’eau est stockée dans un réservoir. « S’il n’y a pas de savon, l’eau est chlorée. Mais on doit alors la changer au bout de 24 heures », note Étienne Bisimwa.
Des panneaux solaires assurent par ailleurs l’énergie électrique indispensable.
Réduire le prix de revient
Le modèle dûment protégé, le rêve d’Étienne Bisimwa et de ses jeunes associés est de multiplier les lave-mains « made in Bukavu ». Seul problème, le prix : « Nous sommes obligés d’acheter les composants électroniques en petites quantités au Rwanda, au Burundi ou en Ouganda. Le prix de revient d’un lave-mains va de 95 à 100 dollars, et nous les vendons à 130 ou 145 dollars. Mais si nous pouvions acheter des composants par lots de mille pièces, en Italie ou en Chine, elles nous coûteraient cinq fois moins cher. Et le prix de revient serait diminué de moitié. »
En attendant la résolution de ce problème logistique, Étienne Bisimwa et son équipe ont mis au point un autre appareil que l’hôpital de Panzi leur a suggéré, parce qu’il en a grand besoin en cette période de pandémie : un ventilateur va être testé dans l’établissement du Dr Mukwege. La perspective a fouetté l’imagination et les énergies! ■ Phi. le.
Article paru dans L’Avenir de Luxembourg, 15/5/20
Ses ouvrages parus chez Weyrich :