Que reste-t-il aujourd’hui d’Erbisœul ?

Un livre passionnant sur un sujet peu connu, des faits qui se sont passés près de chez nous, mais auxquels nous n’avons peut-être pas prêté assez d’attention… Un camp de prisonniers allemands fondé par les Américains en mai 1945, à Erbisoeul, sur plus de cent hectares de bois, loués au prince de Croÿ, entre Ghlin et Erbisoeul. Il pouvait contenir environ 30.000 prisonniers. Une clôture de piquets de bois et de barbelés. Le camp sera remis aux Belges en août et septembre 1945. Il deviendra un camp de triage et de transit. De nouvelles installations plus modestes seront prévues essentiellement auprès des charbonnages où les prisonniers seront appelés à travailler, mais aussi en Ardenne, aux endroits où l’on abat des arbres pour l’étançonnage des les galeries minières. C’est ainsi que différentes localisations sont prévues: Borinage, Centre, Charleroi, Liège, le Limbourg. Les prisonniers, le plus souvent passent par Erbisoeul avant d’être répartis entre les différentes sièges.
En effet, en Belgique, sous l’égide du premier ministre Van Acker, la bataille du charbon bat son plein. Le pays est mal en point après quatre années d’occupation allemande; heureusement, contrairement à ce qui s’est passé en 1918, l’ennemi a laissé les installations intactes. Mais il faudra pas mal de temps pour que l’économie soit remise sur pied, et les tickets de ravitaillement auront encore cours sur un assez long terme. il faut ajouter aussi que des prisonniers travailleront pour les agriculteurs de la région. Pourtant, la guerre est finie? Oui, mais…si l’Allemagne a capitulé devant les USA, la Grande-Bretagne, la Russie et la France, aucun accord n’a encore été signé entre les petits pays comme le nôtre et le nouveau gouvernement allemand, ce qui explique que la Belgique puisse mettre les prisonniers au travail forcé, sans que la Croix-Rouge se montre particulièrement sourcilleuse. Les problèmes qui se poseront seront essentiellement des problèmes d’organisation et d’intendance.

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Que reste-t–il aujourd’hui d’Erbisoeul? La forêt a repris le dessus, mais on y retrouve encore les chemins de cailloux, et ça et là, une inscription dans l’écorce d’un arbre. Mais il reste surtout, je crois, la preuve, dans les faits, les mentalités, que la haine entre les peuples peut être surmontée, et que les gens de bonne volonté finissent par recréer des liens, par-delà les propagandes officielles, et les théories fumeusestt dont on les a abreuvés, à longueur de temps. Bien sûr, ce n’est pas le cas de tous, il reste, partout et toujours, des fanatiques. Les auteurs de ce livre ont su, avec beaucoup d’intelligence, dégager la vérité des faits, et replacer ces périodes pénibles dans de justes perspectives. Cela n’excuse en rien les atrocités que certains ont délibérément voulues, mais c’est toujours un travail urgent et nécessaire.

Joseph Bodson pour l’AREAW

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