Sur les sentiers de Grande Randonnée – Interview de Jean-Marie Maquet

Né à Han-sur-Lesse et exilé dans le Hainaut pour des raisons professionnelles, Jean-Marie Maquet sillonne depuis plus de quarante ans les sentiers de Wallonie. Rencontre avec un passionné.

Passionné et comblé par ses diverses randonnées, Jean-Marie Maquet intègre l’association des Sentiers de la Grande Randonnée, pour laquelle il rédige des topo-guides et assure, pendant 10 ans, la direction de la revue GR Sentiers. L’auteur sort Sur les sentiers de Grande Randonnée, livre présentant et illustrant six itinéraires de randonnées GR ou GRP, dans toute la Wallonie et à Bruxelles.

Monsieur Maquet, pourquoi avez-vous décidé d’écrire un livre reprenant vos plus belles randonnées ?

Pour être sincère, j’ai répondu à une suggestion de M. Olivier Weyrich, à qui j’avais présenté un autre projet d’album. Celui-là aussi était inspiré par mes randonnées, mais d’une façon beaucoup plus informelle. Dans un premier temps, j’ai laissé cette suggestion en sommeil, car l’entreprise me semblait assez ambitieuse et très exigeante, assez lourde, en fait. Et puis, petit à petit, ce projet m’a tenté, m’a excité même. Ce projet me fournissait un fil conducteur pour mes randonnées. Alors, je me suis lancé dans l’aventure.

Le livre comporte de nombreuses anecdotes historiques. Un travail en amont a dû être nécessaire pour la préparation de l’ouvrage ?

L’essentiel du travail en amont, comme vous dites, a consisté à parcourir la totalité de ces longs itinéraires. Je connaissais, bien sûr, l’essentiel de ces longs sentiers, mais mes souvenirs remontaient quelquefois à plusieurs années. Et puis, je les avais rarement parcourus dans leur intégralité et d’une manière continue. Je me suis donc mis, avec un ou deux copains, à parcourir presque une dizaine de sentiers GR et GRP de Wallonie dans leur intégralité. Ce n’est pas toujours simple de parcourir un GR en ligne dans certaines régions de Wallonie. Il n’est pas toujours simple de trouver un logement au terme d’une étape. Il n’est pas simple, non plus, dans certains coins, de trouver un transport public qui vous ramène à votre voiture, laissée au point de départ. C’est peut-être là, l’essentiel du « travail en amont », assurer la logistique des déplacements ! Quelquefois, le problème s’est révélé insoluble et nous avons dû compter sur l’aide d’amis venus nous récupérer et nous ramener au point de départ.
Pour les informations historiques ou culturelles, je les ai plutôt cherchées par après, en fonction des découvertes réalisées sur le terrain, au cours de notre cheminement.

Qu’est-ce qui vous a plu le plus dans la préparation de cet ouvrage : le côté texte, photo ou rando ?

Bien évidemment, c’est le plaisir de la randonnée qui est primordial. Le plaisir physique d’arpenter les sentiers, de s’évader dans la nature et d’en découvrir les charmes. À pied, on pénètre dans des endroits inaccessibles autrement. Les Vététistes y accèdent peut-être, mais comme leur attention est mobilisée par la conduite du vélo, ils ne peuvent évidemment pas goûter pleinement les charmes des paysages. Je crois, d’ailleurs, qu’ils sont plus dans la performance sportive que dans la contemplation, comme, sans doute, certains marcheurs très soucieux de leur moyenne !
C’est pour cette raison que la randonnée s’accorde fort bien avec la photo. Le randonneur peut se laisser aller à la flânerie, à la contemplation et il est donc très disponible pour photographier, c’est-à-dire observer, cadrer, ajuster l’angle… Rentré à la maison, on revit la rando en triant les photos… et en rédigeant ses commentaires. L’écriture, elle n’est pas systématique. Je ne fais le compte rendu que de mes randonnées les plus marquantes. J’en ai pris l’habitude en faisant le récit de mes grandes randonnées à l’étranger, surtout en France, en Italie, exceptionnellement une au Maroc. Et puis, je me suis donc mis à évoquer ces itinéraires GR et GRP qui sillonnent la Wallonie. C’est encore une autre manière de les revivre, de retrouver les moments forts et les émotions…

Vivant dans le Hainaut, pourquoi ne pas avoir fait un chapitre sur cette région ?

Comme vous savez, je ne suis pas Hainuyer, mais cela fait un demi-siècle que j’y vis et une quarantaine d’années que j’y randonne. J’ai donc appris à en connaître les beaux coins : le pays des Collines, voisin de mon domicile, les Hauts-Pays des Honnelles et la Botte du Hainaut… Avec des amis, hainuyers, j’y ai ainsi conçu et balisé, pour les SGR, le GR 123 (tour du Hainaut occidental) et j’ai collaboré à la réalisation du GR « sentier des Terrils ». J’ai encore décrit une série de Randonnées en Boucle aux quatre coins du Hainaut. Il y a donc de belles choses à voir dans cette province méconnue. Mais il faut aussi reconnaître qu’elle est moins attractive que les provinces de Liège, de Namur et du Luxembourg. C’est surtout dans ces provinces que se situent les plus beaux itinéraires GR. Dans un album consacré aux plus beaux sentiers wallons, il faut bien faire un choix. J’ai même sacrifié le tour de la Famenne et le GR 129, que j’ai parcourus tous deux et qui visitent ma région natale de la Lesse… Mais comment négliger la Semois, l’Ourthe, l’Amblève, les Hautes Fagnes ? Ce serait inconcevable. Et le tour de l’Entre-Sambre-et-Meuse, personnellement, je le considère comme un des itinéraires les plus variés et intéressants de Wallonie. La vie est faite de choix et donc de renoncements. Ce n’est pas facile, mais inéluctable… Donc, le Hainaut, il n’apparaît guère dans cet album. J’ai hésité à y inclure le GR 412, sentier des Terrils, au détriment du GR 127, tour du Brabant wallon. Mais ce dernier est un itinéraire récent, dont le parcours nous a beaucoup plu…

Quels conseils donneriez-vous à des personnes qui débutent la randonnée ?

Je crois que le mieux, c’est de commencer à parcourir de petits itinéraires balisés par l’ADEPS ou de débuter dans un groupe de randonneurs. On a ainsi des chances de s’initier au rythme de la marche et d’obtenir des conseils sur l’équipement. Pour ce point, au début, ce n’est guère compliqué : on peut débuter avec de bonnes bottines, un sac confortable (30 à 40 litres), une veste de pluie et une gourde. Le reste suivra, mais le choix des bottines, c’est primordial. Des chaussures inconfortables qui risquent de prendre l’eau à la moindre pluie ou qui causent diverses douleurs comme des ampoules, ça peut dégoûter de la randonnée. Par après, quand on veut « voler de ses propres ailes », et choisir ses itinéraires, le mieux, c’est de se procurer les topo-guides des Randonnées en Boucle des SGR. Il en existe pour toutes les provinces de Wallonie et certaines provinces proposent même deux topo-guides. Ces topo-guides se vendent d’ailleurs comme des petits pains. Pas de problème de trains ou de TEC : puisque ce sont des circuits, ils ramènent le randonneur à son point de départ. Et ces itinéraires ont été choisis pour leur intérêt. Chaque numéro du périodique de la revue des SGR « GR Sentiers » présente aussi une Idée rando, un itinéraire pédestre, lui aussi en boucle.
Par la suite, on s’équipe en fonction de ses goûts et… de son appétit

Propos de Jean-Marie Maquet

« Sur les sentiers de grande randonnée » de Jean-Marie Maquet est disponible en librairie et sur notre e-shop au prix de 30 €.

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