Dumont-Dupuis, un duo à lire cet été

Agnès Dumont et Patrick Dupuis entrent dans la collection Noir Corbeau. Ils signent ensemble leur premier roman policier dont Louvain-la-Neuve est le cadre. Loin d’être des novices, nos deux auteurs confirment leur talent dans un registre où on les attendait moins. La surprise est belle, donc ! Une mort pas très catholique est un polar bien belge, agréable à lire pour revisiter la cité universitaire sous un angle inattendu.

Patrick Dupuis, vous écrivez un premier roman avec une co-auteure. Est-ce aussi votre premier exercice d’écriture ?

Ce n’est pas mon premier roman puisque, dans les années nonante, je suis « entré en littérature » en publiant deux romans aux défuntes éditions Quorum. Ensuite, je me suis tourné vers la nouvelle (quatre recueils à ce jour). Et aujourd’hui, c’est une nouvelle expérience avec ce premier roman à plusieurs mains.

Et pour vous Agnès Dumont ?

Même si je suis surtout nouvelliste aussi, avec quatre recueils à mon actif, j’ai déjà publié un autre roman aux Éditions Luc Pire et il s’agissait déjà d’un policier. Que ce soit en tant que lectrice ou en tant qu’auteure, je suis plutôt éclectique, mes goûts m’entraînant de Marcel Proust à Henry Miller en passant par Zoé Valdès. Et dans ce large panorama, les romans policiers ont toujours occupé une place importante : j’aime les héros récurrents, qu’ils viennent du Nord, comme Kurt Wallander (Henning Mankell), des États-Unis comme Harry Bosch (Michael Connelly) ou … de Liège, ma ville natale, où l’ombre de Simenon plane toujours. Le récit policier permet d’allier le suspense du récit de fiction à un regard inquisiteur sur la société et ses dérives. C’est ce qui m’a toujours plu dans ce genre que j’ai exploré dès mes premières nouvelles publiées.

Patrick et Agnès : pourquoi tout à coup s’attaquer à l’écriture d’un roman policier ?

Agnès n’est pas une néophyte en la matière. En ce qui me concerne, c’est clairement l’envie d’expérimenter un autre type d’écriture avec ses codes, ses obligations (mon côté « simenonien » y est certainement pour quelque chose). Aussi l’envie d’écrire sur ma ville.

Votre enquête s’inscrit dans la cadre de la ville de Louvain-la-Neuve. Pourquoi ce choix ?

Patrick Dupuis : J’habite Louvain-la-Neuve depuis près de cinquante ans et j’ai toujours rêvé d’écrire un roman policier qui se passerait dans cette ville atypique que j’adore faire découvrir à ceux qui ne la connaissent pas et ont souvent des idées préconçues à son sujet. Agnès a accepté de me rejoindre dans cette aventure et j’en suis très heureux. Nous avons vraiment écrit ce roman à deux… et on s’est bien amusés.

Agnès Dumont : Oui, l’écriture à deux fut une aventure passionnante. J’ajouterai que les lieux occupent souvent une place prépondérante dans mes écrits : j’aime les citer, les sonorités de leurs noms créent déjà une ambiance particulière, propice au fantasme. Rien de plus agréable, en tant que lectrice, que de me laisser entraîner au cœur d’une ville inconnue, une ville à découvrir comme si elle était un personnage à part entière. Notre roman s’adresse autant aux amoureux de Louvain-la-Neuve déjà conquis par son charme qu’aux lecteurs qui ignorent tout d’elle et vont avoir le plaisir de la parcourir, sur les traces de nos deux enquêteurs.

Le jeune policier-enquêteur avec qui le lecteur va faire connaissance dans votre roman vit à Namur. Vous lui faite parcourir beaucoup de kilomètres en voiture… C’est une manière de l’inscrire dans l’air du temps ?

Ces deux villes ne sont séparées que par une trentaine de kilomètres d’autoroute. Notre jeune policier est un navetteur parmi d’autres, sa réalité quotidienne est celle de beaucoup de gens aujourd’hui. Mais ce qui nous intéressait surtout, en créant notre duo de choc, c’était de mettre en scène le regard d’un néo-louvaniste de la première heure, Roger Staquet, confronté à un candide auquel il fait découvrir les charmes d’une ville qu’il aime depuis toujours. Et puis enfin, le jeune Paul Ben Mimoun a presque l’âge d’être un étudiant lui-même mais il n’en est pas un et le regrette sans doute un peu. Le fait de le faire habiter à Namur souligne l’écart qui existe entre lui et cette communauté estudiantine qu’il envie.

Votre jeune inspecteur va mener son enquête avec l’appui d’un policier pensionné. Pourquoi avoir créé ce duo de flics à l’exemple des Noiret-Lhermitte dans le film Les Ripoux ?

Voilà une bonne question… Ces personnages contrastés se sont imposés d’emblée. À noter cependant que, contrairement au tandem des Ripoux, nos deux héros sont parfaitement honnêtes. Maintenant, si les duos de flics constituent un grand classique du genre policier, l’alliance d’un « jeune » et d’un « vieux » permet d’aborder quantité de thèmes intéressants : le temps qui passe, la transmission, possible ou non, l’amitié entre les générations…

Va-t-on retrouver ce duo étonnant lors de votre prochain roman ? nos lecteurs peuvent-ils s’attendre à une suite prochaine ?

La suite est en cours d’écriture mais nous écrivons nettement moins vite que l’ami Groff ! On peut lever un coin du voile en signalant que l’action se passera à Liège. On retrouvera non seulement notre duo mais aussi d’autres protagonistes de l’enquête néolouvaniste.

Cette suite, c’est l’occasion de faire évoluer nos personnages, de creuser leurs petits travers comme leurs qualités et les liens qui les unissent. Des retrouvailles sous le signe du plaisir… pour nous et, nous l’espérons, pour nos lecteurs !

Découvrez « Une mort pas très catholique »,
un premier polar à quatre mains à Louvain-la-Neuve :

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