Commentaire de lecteur

Merci à Philippe Danval qui a apprécié le dernier roman d’André-Joseph Dubois, à l’occasion de la balade littéraire organisée à Liège par Guy Delhasse.

Voici son avis :

“Un tout grand coup de cœur à la lecture de ce sixième roman de l’écrivain wallon André-Joseph DUBOIS.
Et pourtant, dès l’entame on s’interroge.
Où tout cela va-t-il bien nous mener ?
Que retirer de cette rencontre bien improbable entre trois OVNI de l’existence, trois étoiles si dissemblables qui jamais n’auraient dû se retrouver dans la même galaxie ?
Et pourtant, contre toute attente, la magie opère, la mayonnaise ne tarde pas à prendre et se révèle être d’une fort belle texture, d’un goût exquis.

Trois personnages principaux :
ZERNA : Sicilienne – petit bout de femme obstinée, pressée d’arriver quelque part à quelque chose avec son air de gamin mal poussé, agaçant, insupportable et irrésistible ;
CYRIL ROBIN (alias Cecil Capita) : Francilien – bien né – père absent – mère plutôt castratrice – dès l’enfance, voyeur froid du monde qui l’entoure – imposteur par défaut – tétanisé par un prix Goncourt obtenu pour un premier roman au titre si éloquent “Maldonne” – échoué par hasard à Liège en quête de soi (en fuite de lui-même ?) aux attentes éparses, diffuses, erratiques;
AJD : Wallon liégeois – vieux con de prof – misanthrope – radoteur pontifiant – archétype d’une certaine cuistrerie universitaire – loser affectif (trois divorces et bien plus d’aventures sans lendemain) – père défaillant – écrivain du dimanche plus velléitaire qu’inspiré -obsédé par la médiocrité ambiante au regard lucide de la sienne – à la vieillesse stérile pétrie d’affligeantes habitudes.

Ces trois largués de la vie se rencontrent, se croisent, s’évitent, se rapprochent, s’apprivoisent, s’aiment (à leur façon), se repoussent, se parlent (parfois) ou s’écoutent parler (souvent).
De ce choc des cultures, de façons de penser, d’être, d’agir, jaillit, au départ tout en douceur, à petites touches (pointillisme littéraire ?), par la suite, à un rythme de plus en plus soutenu, une fulgurance de réflexions tous azimuts aussi succulentes que pertinentes.
Quand j'étais mortQue de thèmes subtilement abordés : l’utilité de la littérature, la vacuité d’écrire, la fatuité du monde de l’édition, des écrivains, des médias, l’immigration italienne et extra-européenne, le consumérisme touristique, l’histoire de Belgique, de la Wallonie, le sentiment d’appartenance, d’identité, la pseudo belgitude, les affres du ressenti amoureux (narcissisme dévoyé) …
L’écriture, quant à elle, est à l’aune du propos : incisive, caustique, quelquefois vitrioleuse, mêlant le burlesque au trivial, la finesse à la tendresse.
On est en empathie, on sourit, on rit même si ce rire est généralement plutôt jaune.
Pour conclure, nous est ici offert un bel exercice d’autoflagellation (peut-être mais pas sûr), d’autodérision (assurément).
A déguster sans modération et, pour les connaisseurs et amoureux de Liège, un petit plus plein de connivences. ”

Philippe VANHAL

« Quand j’étais mort » d’André-Joseph Dubois est disponible en librairies et sur notre e-shop au prix de 15 €.

La prochaine balade de Guy Delhasse à ne pas manquer: Line Alexandre se promènera avec vous le 7 juillet pour vous parler de L’Enclos des fusillés. https://www.weyrich-edition.be/litterature/plumes-du-coq/enclos-des-fusilles

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